© Michel Fingerhut 1995-8 ^  

 

Odette Abadi:
Le Rewier
in Après Auschwitz n° 265 (janvier 1998) © Amicale des déportés d'Auschwitz et des camps de Haute-Silésie 1998
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Nous remercions l'Amicale des déportés d'Auschwitz et des camps de Haute-Silésie de nous avoir autorisés à reproduire ce texte.

Le Rewier se compose de douze Blocks groupés par trois, longeant d'un côté la « Lagerstrasse » (rue principale du camp), de l'autre, la voie ferrée qui les séparent du « Zigeuner Lager »; entre les Blocks, des cours en terre battue, qui se transforment, selon la saison, en gadoue épaisse ou en galets de glaise durcie.

L'aération se fait par des interstices, toujours ouverts, entre le haut des murs et la toiture.

Chaque Block communique par deux portes avec l'extérieur. Après les avoir franchies, on traverse une sorte d'antichambre. Du côté de l'entrée, on trouve une petite chambre où couchent la « Blockowa  », sa « Vertreterin » - et quelques médecins ou quelques employées de la Schreibstube. - Le Block administratif - Du côté de la sortie, sont installés sans camouflage les W-C: cinq ou six caisses de bois au couvercle percé au centre d'un large trou rond, à l'intérieur desquelles sont placés des seaux de fer qu'il faut aller vider plusieurs fois par jour et par nuit.

Le Block est traversé en son milieu par une cheminée recouverte de maçonnerie qui forme banquette, et qui se termine, à chaque bout, par un énorme poêle de fonte. Contre les murs sont accotés des lits de bois à trois étages; des lits en rangées transversales s'en détachent, l'ensemble délimitant les « Stuben ».

Certains Blocks sont spécialisés: le 8 mêle toutes les contagieuses, le 33 reçoit les maladies chirurgicales avant les interventions ou la petite chirurgie; le 21 les malades mentales à demi-lucides; le 30 les aryennes de toutes nationalités: c'est un bon Block, riche en médicaments; le 20 est réservé aux convalescentes aryennes d'une part, aux accouchées d'autre part (car il arrive que des femmes en début de grossesse ne soient pas sélectionnées à leur entrée au camp: en général l'enfant et la mère y passeront plus tard); le 10, le meilleur de tous, confortable, propre et où l'on trouve tout le nécessaire, abrite les Allemandes aryennes. La « Block Arztin  », qui travaille seule, ou avec 2 ou 3 « Arztinnen », est en principe responsable de son domaine auprès du médecin-chef allemand. Sous les ordres de la « Blockowa » et de sa «  Vertreterin », 4 ou 5 infirmières - les «  Pflegerinnen » -, assistées des « Pützerinnen  » (filles de salle) assurent le service, que complètent 2 ou 3 « Nachtwachen » (garde de nuit). Il y a aussi une «  Schreiberin » - secrétaire -. Cela, c'est la façade.

La réalité a un tout autre visage. Au-dessus de toutes plane la « Blockhowa ». Le plus souvent, c'est une polonaise aryenne de 20 à 25 ans, assez belle et toujours élégante - elle peut avoir tout ce qu'elle veut, en échange des médicaments, de la soupe et du pain. Elle passe son temps à se maquiller, à potiner et à changer de toilette, tout le temps qu'elle n'emploie pas à houspiller les malades. La « Vertreterin  » a d'autres soucis: elle distribue la soupe et le pain, elle surveille et commande le personnel. Le travail devrait être fait, auprès des malades, par les « Pflegerinnen » et le gros ouvrage, par les «  Pützerinnen ». Ce n'est pas toujours le cas. Chaque « Block  » a ses protégées au « Krankenstand » - portées sur l'effectif des malades -, qui n'ont parfois jamais été malades ou qui, après l'avoir été, sont guéries depuis longtemps. Presque toutes sont des polonaises - aryennes naturellement puisqu'elles n'ont pas à craindre les sélections. Elles paient de leur travail le droit de rester au Rewier; elles ont aussi le devoir d'« organiser » pour leurs « patronnes ». Souvent, ce sont elles qui font le ménage. Il y a aussi, parmi elles, la couturière, et parfois la blanchisseuse, de la « Blockhowa »... Certaines sont compréhensives et s'occupent des malades, mais on ne compte pas que sur le personnel, il y a des malades encore un peu valides qui soignent leurs camarades...

Pour beaucoup d'infirmières, quelques principes suffisent pour définir leurs situation:

  1. « Je travaille, donc je dois manger plus que les malades qui restent couchées à ne rien faire ». Conclusions pratiques: - Quand je distribue le pain du dîner, une tranche doit être retenue pour moi sur chaque ration. Si la malade dort ou si elle est trop fatiguée pour avoir faim, c'est à moi que revient, selon le menu du soir, sa rondelle de saucisson, son fromage ou sa confiture ».

  2. « Il faut que les malades comprennent qu'elles sont dans un camp... », c'est-à-dire qu'elles ne doivent déranger personne. Tant pis si leur dysenterie ne leur laisse pas la force de se lever et qu'elles souillent leurs paillasses, tant pis si elles ne se lavent pas... La nuit, certaines « Nachtwachen » n'acceptent pas qu'on les réveille et giflent les malades qui ont l'audace de le faire. Et que de fois m'a-t-on raconté ces histoires de malades qui râlaient la nuit, récalcitrantes à la mort, et qu'on étouffait entre deux paillasses...

  3. « Les médicaments sont rares. Si la dose distribuée par les Allemands ne suffit pas, il faut acheter son complément  ». Et bien sûr, ce sont elles qui peuvent les procurer.

  4. « Les doctoresses sont en général encombrantes et inutiles, malheureusement elles nous sont imposées par les Allemands ». Il faut les dominer et les dresser dès leur arrivée au Rewier. Si ça ne marche pas, il ne reste plus qu'à s'accommoder au mieux de leur présence.

Heureusement le personnel du Rewier ne travaille pas toujours selon des critères aussi caricaturaux. Il existe aussi des Blockhowas... indulgentes qui laissent les malades tranquilles, des infirmières dévouées et bonnes, qui n'organisent pas et qui donnent scrupuleusement leur dû aux malades, des Nachtwachen qui s'épuisent à la tache. Mais, entre elles et certaines vraies tortionnaires qui ne font que hurler et distribuer des coups, tous les intermédiaires se rencontrent.

Il faut dire aussi que presque toutes les « nanties  » du Rewier sont des forces de la nature. Elles sont en général très jeunes, aryennes, polonaises, russes ou originaires d'Europe Centrale, habituées dès l'enfance à de durs travaux, et elles méprisent toutes celles qui n'ont pas leur vigueur - les Françaises, les Hongroises des villes, les Italiennes et les Grecques ne font pas le poids à côté d'elles. Elles ne sont pas nécessairement foncièrement méchantes, parfois même on surprend chez elles des moments où elles deviennent de « grandes sentimentales », mais les faibles sont d'une race qu'elles détestent: des paresseuses, des tire-au-flanc ou des moribondes. Et puis, ces filles solides comme des rocs ne savent pas agir sans crier et sans se battre comme s'il leur fallait toujours se défendre. Elles le font d'ailleurs avec une sorte de joie qui révèle la vigueur de leur vitalité.

L'attitude des médecins est aussi diverse que celle du reste du personnel. Pour beaucoup d'entre elles, quel génie dans l'organisation! On peut d'ailleurs combiner dévouement et rapine: c'est un cas fréquent...

D'ailleurs, de même que nos infirmières ne sont qu'exceptionnellement des professionnelles, et que bien plus souvent elles ont exercé tous les métiers imaginables, de nombreuses doctoresses ne le sont que de nom. En dehors des vraies médecins, il y a de tout parmi nous: les plus nombreuses proviennent de milieux paramédicaux: dentistes, pharmaciennes, laborantines, femmes de médecin, infirmières; les autres de n'importe où: ce sont des débrouillardes qui ont trouvé ce truc pour vivre moins mai... Etant donné la pénurie de nos stocks de médicaments, notre intervention se limite souvent à l'observation, au soutien moral et à quelques prescriptions plus ou moins efficaces.

Et les unes et les autres distribuent parcimonieusement et pour le mieux - chacune selon ses voies - tanalbine, charbon, ultraseptyl, somnifères, pastilles anti-toux, urotrophine, aspirine: les quelques spécialités qui nous sont données pour nos malades. Heureusement, les camarades du Canada - le Kommando chargé de ramasser, classer et ranger les bagages des transports avant de les envoyer en Allemagne - parviennent souvent à nous procurer quelques suppléments.

Et le soir après l'appel, en attendant le signal du «  Lager Ruhe! » - « Repos au Camp! » -, on voit certaines de ces dames - infirmières et doctoresses - qui grâce à la blouse blanche qui nous permet de circuler « librement » - se répandent dans le camps, d'un air dégagé, les poches pleines de médicaments. Au retour, elles s'installent sur un lit vide dans leur Block, se bâfrent de saucisson ou de fromage, dominant, de l'air méprisant de celles-qui-savent-y-faire, les misérables qui, accroupies sur leurs paillasses, tendent le cou pour mieux les voir, et leur lancent des regards jaloux d'affamées... On allume le poêle. Bitokes et boulettes grésillent dans la graisse, l'odeur envahit tout le Block...

On rencontre aussi des doctoresses, nettement plus rares, qui courent, le soir, à travers les Blocks. Elles transmettent les messages des unes aux autres, colportent les nouvelles qui remontent le moral, examinent les malades, distribuent des médicaments, gratuitement et en se cachant, à celles qui refusent d'entrer au Rewier et d'affronter le risque de ses sélections...

La visite du médecin

Ce sont presque toujours les mêmes diagnostics. On rencontre évidemment toutes les maladies infectieuses: rougeole, scarlatine, diphtérie, typhoïde, trachome, beaucoup de malarias, de pneumonies, et surtout de « Durchfall », ces dysenteries aux origines diverses qui démolissent à coup sur les organismes les plus solides, des cystites, des pyélonéphrites, des tuberculoses, des oedèmes de carence... Nous voyons relativement peu de maladies génitales et de cancers.

Sauf quelques rares exceptions, nos malades sont des femmes jeunes; elles n'ont plus jamais leurs règles. Chaque maladie a un tableau particulier au camp, mais nous finissons par nous habituer à ces érysipèles qui ne ressemblent pas à ceux des livres de médecine, à ces glossites et à ces angines si douloureuses, qui font baver les femmes jour et nuit et les empêchent de dormir, à toutes ces «  Lagerkrankheit » - « maladies de camp » - dont nous ne savons pas si leur origine est déséquilibre glandulaire, avitaminose ou épuisement. L'été, nos «  Blocks » sont envahis par les horribles « Sonnenbrand  », ces brûlures de soleil que l'on attrape en «  Aussenkommando » (Commandos extérieurs), des phlyctènes confluentes dont chacune a parfois la grosseur du poing et qui - faute de soins et de pansements - finissent par s'ouvrir, s'infecter ou se gangréner. L'hiver, pour ces mêmes Kommandos, nous aurons des pieds gelés...

Un médecin allemand, König en général, « passe la visite » chaque matin, ou presque. Vingt fois la « Thorwache  » - la gardienne de la porte - va interroger les filles de l'«  Ambulance », qui est le siège de la consultation et du bureau des entrées. « Est-il arrivé »? - Enfin il est là. Rapidement les « Krankenstand » se déshabillent, se recouchent ou partent se cacher.

Vite, de l'ordre! Tout le monde s'agite et donne de la voix. On a oublié d'enlever le déjeuner de la Blockhowa qui mijotait sur le poêle: il faut le retirer tout de suite... Il ne veut pas qu'il y ait deux malades dans le même lit (mais il y a plus de malades que de lits... ): que l'une des deux se cache sous la couverture ou qu'elle aille dans les lits du fond avec celles qui s'y trouvent déjà, là il fait si sombre qu'on n'y distingue pas grand chose, et puis il ne va jamais par là... Est-ce bien lavé par terre? C'est l'essentiel: il y tient plus qu'à tout le reste. Une malade veut se lever: ne sait-elle donc pas que c'est interdit quand il passe, et que même s'il restait deux heures, il ne faudrait pas bouger pendant ces deux heures? Une gifle de la « Pflegerin » le lui apprend. Et celle-là qui gémit... « Ruhig! Chikho! » - « Repos! Silence! - Attendez tout à l'heure! ».

Le coeur de la Blockhowa bat à se rompre, celui des malades aussi. La « Thorwache » se précipite dans le Block: « Chikho! Lekasch Idem! Der Arzt kommt! » - « Le médecin arrive! » - Il est encore à la porte. Silence total. Chaque infirmière est au garde-à-vous dans sa Stube; les médecins un peu en avant.

Il parait, sanglé dans son uniforme, une badine à la main. Derrière notre « Lager Ältester » - chef de camp juif -, Schuster, le seul homme du Rewier, carnet et crayon en mains, essayant de se faire remarquer le moins possible.

König traverse rapidement le Block, sans regarder personne. Tout à coup, il s'arrête. Un morceau de pansement en papier est resté par terre, sous un lit... On le ramasse immédiatement. La « Blockhowa  » est terrorisee: va-t-elle être « entlasset » - renvoyée du camp? Non, il continue sa traversée et sort. La visite est terminée. « Achtung », crie-t-elle.

Elle sanglote de peur, rétrospectivement. Son aréopage au complet l'entoure, la félicite, commente l'événement. Des malades geignent, d'autres se lèvent et sortent. Les « Krankenstand » se rhabillent. Je reprends mon stéthoscope... Le tumulte habituel se rétablit, car il n'y a jamais un instant de calme au Rewier. On s'interpelle d'un bout à l'autre du Block en vociférant, les malades circulent, on chante, on pleure, on siffle, on se fait de véhémentes déclarations d'amitié ou d'amour éternel, on se donne de gros baisers sonores sur la bouche.

Quelquefois, le matin, Mengele, « qui a l'esprit juste  », vient faire une « Révision ». Il entre, suivi de quelques « Sanitäten », - les soldats affectés au Rewier -, qui découvrent brutalement les lits, déchirent les paillasses, fouillent dans les armoires de la Blockhowa. Ils y trouvent naturellement des robes, de la lingerie, de la nourriture, tout ce qu'on n'a pas le droit de posséder. En un clin d'oeil, on fait un paquet du tout et on l'envoie à la Sauna. Parfois Mengele, « qui est généreux », prélève quelques chemises de nuit, qu'il lance aux malades les plus proches. Il a à peine passé la porte que la Blockhowa vient les récupérer: elle aura déjà bien assez à faire pour « organiser » à nouveau tout le reste!

 

Deux fois par semaine, on fait les « Entlassungen  » - les sorties. Dès que l'arrivée de König est signalée, les malades « guéries » vont s'asseoir sur la cheminée centrale, entièrement nues. Lorsqu'il passe sa visite dans le Block, elles se lèvent, tenant dans leur main droite leur pancarte où sont notés diagnostic et courbe de température. Il jette sur chacune un rapide regard: il faut que la température des deux derniers jours n'excède pas 37°: ça n'est pas compliqué à réaliser. Ce qui est plus difficile à réussir, c'est de montrer un torse sans aucune lésion de grattage. Or, il y a très souvent des cas de gale, que l'on traite insuffisamment avec le précieux Mitigal dont nous ne possédons qu'un petite flacon, alors que des bonbonnes seraient nécessaires. Même sans avoir la gale, pour une raison ou pour une autre, nous ne cessons de nous gratter. Une fois nous incriminons le pain, une autre fois le contact de la paille des matelas sur la peau nue, ou bien notre état nerveux, ou bien cette espèce d'hystérie collective qui fait que certains jours tout le monde se gratte frénétiquement jusqu'au sang.

König a des principes d'hygiène: il ne faut pas apporter de maladies de peau aux femmes « saines » des Kommandos. Dès qu'il en croit voir les traces sur un thorax, il menace le médecin du Block d'être envoyé au camp - ou il l'y renvoie effectivement. Et il expédie la malade au « Krätze Block » - le Block de la gale.

Le « Krätze Block », c'est un Block sombre où l'on reste parfois des semaines, toujours sous la menace des sélections qui y sont plus fréquentes que partout ailleurs. Des murs le séparent du camp, ne laissant derrière la porte du bâtiment qu'une petite cour boueuse, où l'on glisse partout sur les excréments liquides des 500 ou 600 femmes du Block, à peu près toutes dysentériques, et qui ne parviennent pas à atteindre à temps leur 4 ou 5 locus, tout au fond de la cour. L'entrée de la cour est gardée, personne dans le camp n'a le droit de pénétrer dans le Block - sauf des médecins, « au culot » -, et les femmes qui l'habitent n'ont pas le droit d'en sortir. Il n'y a pas d'eau: on ne doit pas se laver pendant le traitement au Mitigal, même si on n'en a pas reçu depuis trois semaines ou plus... Toutes les malades passent leurs jours accroupies dans la cour, serrées les unes contre les autres, appuyées contre les murs.

Les moins atteintes parviennent parfois à retourner au camp, mais on les y dépiste et elles doivent revenir dans ce Block maudit où elles finissent vraiment par attraper quelque chose de grave et à mourir... Quand elles ne sont pas devenues folles d'épuisement et de désespoir auparavant, ou, surtout, quand elles n'ont pas été prises dans l'une des sélections qui vident d'un seul coup le Block tout entier...

 

Enfin celles qu'on espérait arrivent: les 4 de l'Essen-Kommando - le Kommando de la bouffe -, 4 que l'on envie et que l'on flatte. Presque toutes italiennes ou grecques. mêlées de quelques françaises, elles sont en général bonnes filles dans cette « planque  », et, si elles organisent de la soupe pour elles et leurs proches, il arrive aussi qu'elles en passent à celles qui leur paraissent les plus affamées.

Elles posent la cuve à l'entrée du Block, devant les lits. La Vertreterin s'approche, une louche à long manche à la main. Elle s'assoit sur un tabouret devant la cuve, jambes largement écartées, soulève le couvercle de bois et le pose par terre, flaire la soupe, retire délicatement les quelques morceaux de viande qui surnagent et qu'elle met dans un récipient à part: « Première Stube! », appelle-t-elle, et la Pflegerin de la première « chambre » se précipite, suivie d'une malade qui porte les gamelles. La Vertreterin puise alors le liquide de la surface et commence la distribution. Quand elle arrive dans la profondeur, là où se trouvent les pommes de terre et les légumes, elle abandonne la cuve et en entame une autre, que les 4 de l'Essen-Kommando ont apporté entre temps. Lorsque tout le monde est servi, elle se lève, emportant la viande qu'elle a écumé pour sa cuisine personnelle.

Les Pflegerinnen viennent ensuite se servir dans le fond des cuves...

Odette Abadi
Matricule A 5598

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