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Etienne Rosenfeld:
C'était le 15 décembre 1941
in Après Auschwitz n° 231 (janvier 1990) © Amicale des déportés d'Auschwitz et des camps de Haute-Silésie 1990
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Nous remercions l'Amicale des déportés d'Auschwitz et des camps de Haute-Silésie de nous avoir autorisés à reproduire ce texte.
Notre camarade Etienne Rosenfeld, qui se trouvait à Drancy en décembre 1941, nous a fait parvenir un texte sur les conditions dans lesquelles s'est déroulé le massacre de 100 otages, dont 53 juifs, extraits de Drancy.

Assemblés dans la cour de ces bâtiments qui, depuis la rafle du 20 août 1941, étaient notre prison, ce camp de Drancy de sinistre mémoire, les quelque cinq mille internés que nous sommes, s'interrogent sur cet appel intempestif: « Qu'est-ce qu'il y a?... Qu'est-ce qu'ils veulent encore? » Et dans ce brouhaha, ce bourdonnement que forme une foule rassemblée, une litanie de noms s'égrène: une liste de noms, parmi lesquels je crois entendre le mien. Mais, par je ne sais quel pressentiment, je ne réponds pas.., sauvant ainsi ma vie, sans le savoir. Ce n'est que plus tard que nous apprendrons le drame douloureux qui endeuilla le camp: 53 d'entre nous venaient d'être emmenés, et, avec d'autres hommes de l'extérieur, seront fusillés au Mont-Valérien.

Ils étaient 100, en ce 15 décembre 1941, à tomber sous les balles allemandes...

Ce fut, je crois, le premier crime collectif perpétré par les nazis sur le sol de France.

Précédant de peu la « solution finale de la question juive » décidée le 20 janvier 1942 à Wannsee, par une quinzaine de hauts fonctionnaires nazis.

Ce qui se traduira par le « Point de détail » que fut l'extermination de 6 millions de juifs, dont quelque 80 000 déportés de France, massacrés dans ces hauts lieux que furent -- entre autres -- Auschwitz, Maïdaneck ou Treblinka...

C'est ainsi que parut dans « Le Matin » du 15 décembre 1941 cet avis:

Ces dernières semaines, des attentats à la dynamite et au révolver ont été commis contre les soldats de l'Armée allemande.

Ces attentats ont pour auteurs des éléments, parfois même jeunes, à la solde des Anglo-Saxons, des Juifs et des Bolcheviks, et agissant selon des mots d'ordre infâmes de ceux-ci.

Des soldats allemands ont été assassinés dans le dos et blessés. En aucun cas les assassins n'ont pu être arrêtés. Pour frapper les véritables auteurs de ces lâches attentats, j'ai ordonné l'exécution des mesures suivantes:

1) Une amende de un milliard de Francs est imposée aux juifs des territoires français occupés.

2) Un grand nombre d'éléments criminels judéo-bolchevicks seront déportés aux travaux forcés à l'Est.

Outre les mesures qui me paraissent nécessaires selon les cas, d'autres déportations seront envisagées sur une grande échelle, si de nouveaux attentats venaient à être commis.

3) 100 juifs, communistes et anarchistes, qui ont des rapports certains avec les auteurs de ces attentats seront fusillés.

Ces mesures ne frappent point le peuple français, mais uniquement des individus à la solde des ennemis de l'Allemagne, qui veulent précipiter la France dans le malheur et qui ont pour but de saboter la réconciliation entre l'Allemagne et la France.

Paris, le 14 décembre 1941
der Militärbefelshaber
Von Stupnagel
Général de l'Infanterie

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