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Jacques Tarnero:
Le racisme (8)
ISBN 2.84113.279.X © Éditions Milan 1995
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L'esclavage, les négriers et le Code noir

Nantes et Bordeaux doivent leur prospérité au rôle de ports négriers et au gigantesque trafic d'esclaves qui a déporté plus de dix millions de Noirs d'Afrique vers le Nouveau Monde.
Deux articles du Code Noir

- Article 38.
"L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois à compter du jour que son maître l'aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées et sera marqué d'une fleur de lis sur une épaule. S'il récidive une autre fois il aura le jarret coupé et il sera marqué d'une fleur de lis sur l'autre épaule; et la troisième fois il sera puni de mort".
- Article 44.
"Déclarons les esclaves être meubles et comme tels entrer en la communauté, n'avoir point de suite par hypothèque, se partager également entre cohéritiers, sans préciput ni droit d'aînesse, ni être sujets au douaire coutumier... aux formalités des décrets... en cas de disposition à cause de mort ou testamentaire."

Intensification de la traite des Noirs
Les nécessités économiques liées à la conquête du Nouveau Monde vont intensifier la traite des Noirs d'Afrique vers l'Amérique. Leur déportation atteint son apogée au XVIIIe siècle. On estime à plus de dix millions le nombre de Noirs déportés depuis le XVe siècle et reduits en esclavage. Ils sont transportés comme "bois d'ébène" par les bateaux négriers pour travailler dans les Antilles, en Amérique du Sud et aux États-Unis. Pendant trois siècles, la traite des Noirs ravage l'Afrique de l'Ouest, en s'enfonçant de plus en plus à l'intérieur des terres à mesure qu'augmentent les besoins. Ce piratage de l'Afrique, puis la colonisation dont elle sera victime au XIXe siècle, brisent le développement normal que ce continent aurait pu connaître. Les royaumes africains ont atteint au XVIIIe siècle un stade d'avancée pré-industrielle. Les capitales sont, aux dires des premiers visiteurs européens, d'impressionnantes cités.

Organisation d'un commerce international
Un commerce triangulaire s'établit entre ports européens, comptoirs d'Afrique et lieux de débarquement d'Amérique. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, environ 100 000 à 150 000 esclaves sont vendus chaque année aux négriers européens. En trois siècles, plus de 10 millions de Noirs africains sont ainsi emmenés en esclavage dans les possessions européennes du Nouveau Monde. Environ trois millions de déportés périssent pendant la traversée. Les premiers esclaves débarquent en Amérique en 1619. Ils ont été achetés sur les côtes de l'Afrique de l'Ouest aux royaumes négriers du Benin, du Dahomey, du Congo, qui vendent aux Blancs le produit de leur razzia chez d'autres ethnies.

Le Code noir
C'est bien au nom de leur statut de race inférieure, de sous-hommes, que les Noirs d'Afrique sont mis en esclavage. Dans la France pré-révolutionnaire, à l'ombre des Lumières, on élabora un code juridique pour statuer du droit de l'esclavage avec un juridisme fidèle à la qualité rationaliste française. Le Code Noir, élaboré en 1685, produit du droit pour ceux qui en sont totalement privés.
Des intellectuels s'en indignent, tel Condorcet (1753 - 1794): "l'intérêt de puissance et de richesse d'une nation doit disparaître devant le droit d'un seul homme", ou Vifville des Essars, un noble abolitionniste: "une loi de sang, connue sous le titre de Code noir, va les [Noirs] descendre du rang d'homme, les vouer à une telle dégradation, qu'elle les incorporera à la terre; elle ne les considérera plus que comme des instruments de labourage. C'est sous l'empire d'une loi dont le peuple le plus sauvage aurait horreur, que les malheureux Africains vivent dans nos colonies."
La Convention abolit l'esclavage en 1794 mais le Code noir est rétabli en 1802. Il sera définitivement aboli par décret en 1848 grâce aux efforts de Victor Schoelcher (1804 - 1893), député de la Guadeloupe et de la Martique.

Au XVIIIe siècle, on se mit a créer du droit qui va instaurer un non-droit pour ceux que l'on considère comme des sous-humains, les Noirs d'Afrique, déportés par millions comme esclaves dans le Nouveau Monde.

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