Les gens du voyage échappent aux catégories politiques des États-nations européens. Les fontières sont leurs prisons, quand elles ne furent pas leur mort.
Levez-vous Rom J'ai marché, marché aux longues routes J'ai rencontré des tziganes heureux, Ô Rom, d'où venez-vous... Moi aussi j'avais une grande famille La noire légion l'a massacrée. Venez avec moi, tous les Rom de la terre Car les routes tsiganes nous sont ouvertes... Poème de Jarko Jovanovic, auteur tzigane, originaire de l'ex-Yougoslavie, né en 1925. La plupart des membres de sa famille ont été déportés et sont morts à Auschwitz. Ce poème est devenu l'hymne des Gitans. |
Extermination des Tziganes par les nazis
La question tzigane devient la cible de la politique d'hygiène raciale de
l'Allemagne nazie (vid. sup.).
Dans la typologie nazie et dans sa conception de la
hiérarchie raciale, les Tziganes sont classés comme une
catégorie raciale hybride dont la non-sédentarité
caractérise la dégénérescence. Les anthropologues
et les médecins du
IIIe
Reich concluent leurs études, en 1940, par la
recommandation de leur "stérilisation" et leur
déportation dans les "dépotoirs" de l'Est européen, en
Pologne. Les Tziganes sont rapidement déportés dès 1941
dans tous les camps de concentration où se trouvent déjà
les autres populations jugées nuisibles. Le Reich devant devenir
zigeunerfrei (libre de tout Tzigane), le peuple Rom va rejoindre les
Juifs dans les chambres à gaz. Himmler aurait voulu conserver deux
tribus tziganes au nom de leur descendance supposée de la race
indo-germanique primitive. Livrés aux expériences
médicales des checheurs nazis, en particulier dans le camp du Struthof en Alsace,
gazés à Auschwitz-Birkenau ou exterminés en Croatie par les Oustachis
(mouvement nationaliste croate qui collabore avec les nazis),
ce sont environ 200 000 Tziganes qui sont victimes des crimes
contre l'humanité commis par les nazis et leurs alliés.
Mis à l'écart en Europe de l'Est
Dans les pays de l'ex-bloc communiste, les populations tziganes sont
aussi repoussées vers d'autres terres. En Roumanie, où ils sont esclaves
des propriétaires terriens jusqu'à la moitié du
XIXe
siècle, le mot Tzigane est aujourd'hui encore synonyme d'insulte.
Traités avec une bienveillance paternaliste par les régimes
communistes de l'Est, les Tziganes ne sont jamais totalement intégrés.
En Tchécoslovaquie, dans les années 70, il y a même une campagne
de stérilisation forcée des femmes tziganes, dénoncée à l'époque par
les signataires de la Charte 77 (manifeste regroupant des opposants au
régime). Après le nazisme, les préjugés à l'égard du peuple Rom n'ont
pas eu droit qu'à une reconnaissance tardive des seuls présidents tchèque
et hongrois, Vaclav Havel et Arpad Göncz. De nos jours, dans l'ex-Yougoslavie,
les Tziganes sont "à la fois rejetés et utilisés par les différentes
factions en guerre" (Rapport du Conseil de l'Europe,
1er août 1995).
Le peuple Rom, la "nation bohémienne", les manouches, les gens du voyage, par leur originalité transnationale et non-sédentaire, ont servi de bouc émissaire à toutes les xénophobies nationalistes européennes. |
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