Jacques Tarnero:
Le racisme (18)
ISBN 2.84113.279.X © Éditions Milan 1995
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ces textes.
Le génocide rwandais
Au Rwanda, en 1994, une tentative de génocide des Tutsis par les Hutus aurait fait
plus de 400 000 victimes.
Les Hutus au pouvoir
En Afrique, au Rwanda, en 1994, puis au Burundi en 1995, les massacres entre
Hutus et Tutsis ont fait plusieurs centaines de milliers de victimes au nom
d'une haine ethnique renforcée par les anciens colonisateurs. Dans le
"pays des mille collines", ces tueries entretiennent, depuis
l'indépendance, l'hostilité qui oppose les deux ethnies de la
région. Jusqu'en 1994, les Hutus sont majoritaires au Rwanda et occupent le
pouvoir. Les Tutsis sont au pouvoir en Ouganda et participent au gouvernement en
Tanzanie et au Burundi. En 1990, le FPR, le Front Patriotique Rwandais,
composé de Tutsis, a déjà attaqué le Rwanda.
Le pouvoir y a été pris par les Hutus à la suite d'un coup d'État
qu'ils ont mené en 1973. Soutenu par la France, le
général Juvénal Habyarimana a modérément
tenté de partager le pouvoir entre les deux ethnies. Des accords
en ce sens ont été signés en 1993 à Arusha en
Tanzanie. Une force des Nations Unies est alors censée en surveiller
la bonne application.
"J'ai frappé à ta porte
J'ai frappé à ton coeur
Pour avoir un bon lit
Pour avoir un bon feu
Pourquoi me repousser?
Ouvre-moi mon frère"
Poème de René Philombe, né au Cameroun en 1930.
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Massacre généralisé et représailles des Tutsis
En avril 1994, le président rwandais et son
homologue burundais sont assassinés. Immédiatement commence un
massacre généralisé des modérés Hutus et de
la population tutsie. En quelques jours, toute l'élite du pays, favorable
à une représentation démocratique, est assassinée
à la fois par l'armée gouvernementale hutue et par la population
hutue fanatisée par les appels au meurtre lancés par la radio.
L'ONU et les organisations internationales (ONG) décident de retirer leurs
forces (la MINUAR) et de rapatrier les représentants non-rwandais. Les Rwandais
abandonnés sont aussitôt tués. Les morts se comptent par
dizaines de milliers, tandis que fuient par centaines de milliers les
populations qui ont échappé à la tuerie. Après trois
mois d'attentisme, une force humanitaire française, l'opération turquoise, est envoyée
avec l'accord de l'ONU dans l'ouest du pays. Le choléra, la dysenterie et
la famine achèvent de décimer les réfugiés
engendrant "la catastrophe humanitaire du siècle" selon le mot de
Philippe Douste-Blazy, alors secrétaire d'État français à la santé.
L'actualité la plus récente révèle que les forces du FPR (Tutsis), qui
ont pris le pouvoir, se livreraient à des massacres de représaille
contre les Hutus, jadis au pouvoir et anciens génocideurs. Au Burundi
voisin, la menace d'un conflit ethnique identique est toujours présente.
Plusieurs versions du racisme
La "purification ethnique" n'est pas une idée neuve dans l'histoire
de l'humanité. Les différentes catégories du racisme ne
sont pas le fait exclusif de l' homme blanc ou occidental. C'est à
partir de conceptions plus ou moins théorisées de l'idée
de "communauté", au nom d'une identité tribale, nationale,
culturelle ou religieuse qui se voudrait étanche à tout
métissage extérieur que se batissent les différentes
versions du "racisme".
Ce massacre au Rwanda, systématique et organisé, traduit un projet
génocidaire inédit depuis les horreurs commises par les Khmers rouges
au Cambodge vingt ans plus tôt. Le projet génocidaire d'un peuple
a presque réussi sous le regard télévisé du monde et dans la quasi-indifférence
des États. Le serment du "plus jamais ça" prononcé après Auschwitz a bien été trahi.
Le racisme ne saurait être le privilège de l'Occident et de l'homme blanc.
Les guerres ethniques font aussi partie de l'histoire de l'Afrique et du tiers-monde.
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