Jacques Tarnero:
Le racisme (21)
ISBN 2.84113.279.X © Éditions Milan 1995
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ces textes.
Ex-Yougoslavie: la "purification ethnique"
La politique de "purification ethnique" et la guerre menée par la Serbie
contre les autres républiques de l'ex-Yougoslavie réintroduisent au coeur
de l'Europe les termes d'un conflit que l'on espérait aboli depuis 1945.
Slaves du Sud
Le "Pays des Slaves du Sud" (Yougoslavie) se
partage entre catholiques (Slovènes et Croates),
orthodoxes (Serbes) et musulmans (Bosniaques, majoritairement
musulmans), Slaves anciennement islamisés dans les limites de
l'ex-Empire ottoman.
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Une mosaïque de peuples
La dislocation de la République yougoslave a introduit la
première guerre à l'intérieur des frontières de
l'Europe depuis 1945. C'est déjà dans les Balkans,
à Sarajevo, que le premier conflit mondial éclate en 1914 à cause de
l'hostilité entre les nationalités qui y cohabitent. Région
fractionnée dans une mosaïque de peuples parlant la même
langue, le serbo-croate.
L'histoire de cette région a façonné
l'ex-Yougoslavie dans des découpages géopolitiques ne coïncidant
pas avec les identités religieuses ou nationales. Les imbrications
territoriales comportaient pour chaque petite nation une portion de
minorité religieuse ou nationale qui relevait de la nation voisine. La
réalité yougoslave ne date que de 1918. Auparavant, chaque peuple
avait vécu sa propre histoire. Le système fédéral
institué en 1946 n'a pu tenir que par l'autoritarisme d'un parti unique
communiste
et son chef, le maréchal (croate) Josip Broz Tito.
La Grande Serbie
La volonté de la Slovénie, de la Croatie et de la Bosnie de quitter
en 1991 la Fédération yougoslave n'est pas admise par la
partie serbe qui contrôle le pouvoir fédéral. La guerre est
évitée en Slovénie par le retrait de l'armée serbe
en Juillet 1991. Par contre la Serbie se lance en Croatie d'abord puis en Bosnie
dans une guerre de conquête territoriale visant à
élargir ce que le pouvoir serbe considère comme sa
propriété légitime. Cette politique menée au nom du
projet de Grande Serbie applique un principe déja entendu en Europe:
"la purification ethnique".
Un pas vers la paix?
Le 1er novembre 1995,
un accord de paix a été signé sur la base américaine de Dayton
par Slobodan Milosevic, Franjo Tudjman, Alija Izetbegovic, respectivement
présidents de Serbie, de Croatie et de Bosnie.
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La victoire posthume d'Hitler?
Le poids de l'Histoire est certes
déterminant mais rien ne saurait justifier la responsabilité
première des Serbes dans les atrocités commises en Croatie et en
Bosnie. On peut en revanche en pointer la caractéristique
essentielle, en l'occurence la dimension raciste de l'agression serbe.
Une commission de l'ONU est chargée en octobre 1992 par
la résolution 780 d'examiner les informations sur les violations du
droit humanitaire international dans l'ex-Yougoslavie. Ce rapport est
transmis au Conseil de sécurité en mai 1994.
Il conclut que le "nettoyage ethnique"
est "utilisé par une ethnie pour vider par la violence et la terreur un
territoire donné des populations appartenant à une autre ethnie
et rendre ainsi ces régions ethniquement homogènes". Le rapport
poursuit: "À la lumière des actes perpétrés par les Serbes
en Bosnie-Herzégovine et en Croatie, l'expression nettoyage ethnique
est communément utilisée pour décrire une politique
menée afin de faire avancer les idées ayant trait à la
Grande Serbie"; les moyens utilisés pour chasser les populations
non serbes de ces régions consistent en "tortures, tueries, viols...
destruction de biens publics, privés ou culturels... pillage et vols...
déplacements forcés de populations civiles, etc.". Si du
côté adverse on se livre aussi à des exactions, le rapport
précise qu'il "n'y a aucune base concrète pour soutenir qu'il y a
une équivalence morale entre les belligérants".
Cinquante années apres la défaite du nazisme,
le siècle s'achèvera-t-il en Europe, par "la victoire posthume
d'Hitler", comme s'interroge le philosophe Alain Finkielkraut?
Les massacres entre Serbes, Croates et musulmans se succèdent pour purifier
de "l'ennemi ethnique" des régions imbriquées les unes dans les autres.
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