© Michel Fingerhut 1996/7

Pierre Vidal-Naquet:
Un Eichmann de papier (1980) - Anatomie d'un mensonge (8)
in Les assassins de la mémoire Points Seuil, 1995 © La Découverte 1987
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Nous remercions Pierre Vidal-Naquet et les éditions de La Découverte de nous avoir autorisés à reproduire ce texte.

8. De l'art de ne pas lire les textes

S'il n'y a pas, au sens scientifique du terme, de « débat » sur l'existence des chambres à gaz, c'est un fait que MM. les « révisionnistes » prétendent que ce débat existe, ou plutôt qu'il n'existe pas, puisqu'ils sont convaincus que - toute réserve étant faite sur l'activité d'un ou deux SS fous - rien de tel n'a existé. Mais la chambre à gaz n'existe pas en elle-même et pour elle- même, elle existe comme terme d'un processus de sélection qui, à l'entrée du camp ou dans le camp, séparait sommairement hommes et femmes que les médecins SS estimaient aptes au travail et les autres.

On connaît ce processus à la fois par les documents administratifs nazis et par le récit des déportés. Voici, par exemple, un télégramme adressé d'Auschwitz à l'administration économique centrale des camps à Oranienburg, le 8 mars 1943. Le document énumère divers convois ; ainsi celui-ci : « Transport de Breslau, arrivé le 5.3.43. Total : 1 405 Juifs. Mis au travail 406 hommes (usines Buna) et 190 femmes. Ont été soumis au traitement spécial (sonderbehandelt wurden) 125 hommes et 684 femmes et enfants [86]. » L'addition est exacte. Osera-t-on dire que ces personnes ont été conduites dans un camp de repos ?

Côtés déportés, le récit a été mille fois fait et il est pratiquement identique chez tous les témoins [87], ce qui, hélas, ne signifie pas qu'ils se soient recopiés les uns les autres. Le témoignage de celui qui était alors un jeune chimiste italien, Primo Levi, est particulièrement nu. Il partit le 22 février 1944 dans un train contenant 650 déportés. A l'arrivée à Auschwitz, une dizaine de SS, « l'air indifférent, interrogeaient les débarqués. "Quel âge ? En bonne santé? Malade?" et indiquaient deux directions. En moins de dix minutes nous, les hommes valides, nous fûmes regroupés. Ce qui arriva aux autres, aux femmes, aux enfants, aux vieillards, nous ne pûmes alors l'établir ni dans l'immédiat ni après : la nuit les engloutit purement et simplement. » Parfois, ajoute Primo Levi qui devait vite apprendre, les choses étaient encore plus simples : ceux qui descendaient d'un côté de la voie étaient enregistrés, « les autres allaient à la chambre à gaz [88]. » Ainsi fonctionnait la rationalité SS. Auschwitz était, on nous le répète sur tous les tons (Butz, Faurisson, Thion), un grand centre industriel, spécialisé dans la production de caoutchouc synthétique. Mais personne ne nous a jamais expliqué pourquoi des bébés devaient parvenir jusque-là, et personne ne nous a jamais dit ce que devenaient ces bébés. L'incapacité absolue où se trouvent les « révisionnistes » de nous dire où allaient ceux qui n'étaient pas enregistrés dans le camp et dont le nom figure cependant sur les listes des convois est la preuve du caractère mensonger de leurs affirmations [89]. Ce n'est pourtant pas faute d'avoir essayé. Th. Christophersen, le témoin des révisionnistes, écrit tout uniment : « Lors de l'appel on demandait aux détenus s'ils étaient disposés à accomplir ce travail [en l'espèce, les plantations d'un pissenlit à caoutchouc] et s'ils avaient déjà fait quelque chose de semblable ; presque toujours les volontaires étaient trop nombreux. Alors on les sélectionnait ; cette sélection a été, plus tard, complètement déformée. Il était naturel de vouloir occuper les détenus et ceux-ci ne demandaient pas mieux. La sélection n'avait d'autre but que de les utiliser selon leurs goûts, leurs capacités et leur état de santé » (Mensonge d'Auschwitz, p. 22). A. R. Butz, si habile pourtant, glisse et se contente à peu près de noter que « les activités industrielles et autres demandaient que l'on procédât à des sélections pour des buts variés » (The Hoax, p. 111). Son argument à peu près unique contre l'interprétation usuelle est qu'il y avait de grands malades juifs à l'hôpital. C'est une fois de plus chercher une rationalité largement imaginaire.

Toute la question est de savoir ce qui se passait lors de la « sélection » à l'entrée du camp ou, plus tard, lors des opérations qui visaient, selon l'interprétation courante, à séparer ceux dont la force de travail pouvait boucher des trous dans tel ou tel domaine, à Auschwitz, et les autres, qui étaient parfois tous les autres. Pouvait on lors d'une telle « sélection » être l'objet du mauvais choix, et reparaître par la suite ? Rassinier a eu, à Dora, un camarade qui fut sélectionné et qui reparut. Mais il n'y avait pas de chambre à gaz à Dora et cet homme avait été envoyé à Bergen-Belsen, « camp hôpital », en réalité mouroir, d'où il eut la chance de revenir (Mensonge, p, 170). Faurisson publie triomphalement la photo de Simone Veil censée être gazée et bien vivante. Le mécanisme de cette erreur est extrêmement simple et les indications que donne Faurisson (Vérité..., p. 328) permettent aisément de le reconstituer. Selon l'historienne polonaise Danuta Czech qui s'est attachée à reconstituer pour la série Hefte von Auschwitz le calendrier du camp, le convoi no 71 venu de Drancy (16 avril 1944) fut traité ainsi : 165 hommes furent enregistrés, le reste du convoi fut gazé (Hefte von Auschwitz, 7, 1964, p. 88). Les archives, incomplètes, du camp ne comprenaient plus le nom des femmes ayant été enregistrées. L'erreur a été rectifiée par S.Klarsfeld dans le Mémorial : « Le calendrier d'Auschwitz ne mentionne aucune femme sélectionnée mais cela est inexact, car en 1945 on comptait 70 femmes survivantes de ce convoi. Il y avait également 35 hommes survivants. » On peut aussi, pourtant, faire « bon usage » de la notion de sélection, par exemple à des fins de plaidoirie. On le sait : l'optimiste dit d'un verre qu'il est à moitié plein et le pessimiste qu'il est à moitié vide. On peut aussi choisir de ne voir que l'aspect « positif », si j'ose dire, de la sélection. C'est le parti auquel se rallia Me Hans Latemser qui fut, à Nuremberg, l'avocat du grand état-major allemand et défendit, à Francfort en 1963-1965, plusieurs inculpés du procès d'Auschwitz. Étant bien entendu, expliqua-t-il, que le but d'Himmler et Hitler était d'anéantir les Juifs, ceux qui « sélectionnaient » des Juifs pour les faire entrer dans le camp faisaient ainsi obstacle à la solution finale » [90].

Telle n'est pas, on s'en doute, l'interprétation de Robert Faurisson. Il a été cependant conduit, spontanément d'abord, puis contraint par les objections dirimantes de G. Wellers, à aborder un autre aspect de la sélection, celui de la séparation entre malades du typhus et bien portants, puisque c'est ainsi qu'il interprète, en définitive, les « actions spéciales » et les sélections [91]. Le texte décisif, en la matière, est un document dont personne n'a contesté l'authenticité (même si Butz, courageux mais pas téméraire, garde à son sujet le silence le plus complet). Du 30 août au 18 novembre 1942, le professeur Dr Johann Paul Kremera servit au camp d'Auschwitz en qualité de médecin SS. Les Anglais l'arrêtèrent en août 1945 et saisirent un journal intime dans lequel il notait les différents événements de sa vie, y compris les « actions spéciales » auxquelles il participait à Auschwitz. Ce journal a été en partie publié [92].

Pour l'interpréter [93], je vais faire appel, par exception, à une règle exégétique posée par R. Faurisson. Celui-ci l'a formulée, à propos de textes littéraires, de plusieurs façons. Voici une des plus anciennes : « Pour ne pas chercher un sens et un seul à ce qu'on dit, qu'il s'agisse de prose ou de poésie, de haute ou de basse littérature, il faudrait de graves raisons qu'on n'a pas encore découvertes [94] » ; et, plus lapidairement : « Il faut chercher la lettre avant de chercher l'esprit. Les textes n'ont qu'un sens ou bien il n'y a pas de sens du tout » (Nouvelles littéraires, 10-17 février 1977 ; Vérité..., p. 54). S'agissant de la poésie, dont Faurisson est, par profession, interprète, ce principe est d'une absurdité palpable : la poésie joue toujours sur la polysémie ; mais cette règle a sa valeur s'il s'agit d'un langage direct du genre : je vais acheter une baguette de pain.

Le Journal de Kremer appartient incontestablement à cette dernière catégorie. Les notations nous renseignent sur la vie personnelle et professionnelle du médecin. Par exemple, le 9 octobre 1942 : « J'ai envoyé à Munster un premier colis contenant 9 livres de savon mou d'une valeur de 200 RM. Temps pluvieux » ; le 21 septembre : « J'ai écrit aujourd'hui à cause d'Otto à la Direction de la Police de Cologne (service de la police judiciaire). Dans la soirée, abats de canard. Le docteur Meyer me fait part de la transmission héréditaire d'un traumatisme (nez) dans la famille de son beau-père. » Beaucoup de ces remarques portent sur la vie du camp, les maladies qui y sévissent, les précautions prises. Par exemple, le 1er septembre, c'est- à-dire le surlendemain de l'arrivée du médecin : « J'ai commandé par écrit, à Berlin, une casquette d'officier SS, un ceinturon et des bretelles. Dans l'après-midi, j'ai assisté à la désinfection d'un bloc pour le débarrasser des poux ou moyen d'un gaz, le Zyklon B. » Dès le jour de son arrivée, Kremer est frappé par l'importance du typhus exanthématique ; il est vacciné dès le lendemain, revacciné le 7 septembre et le 14 du même mois. Le ton ne change pas quand il s'agit de procéder au prélèvement de matériel d'expérience sur des prisonniers ; par exemple, le 3 octobre : « J'ai procédé aujourd'hui à la conservation de matériel vivant provenant de foies et de rates d'hommes ainsi que de pancréas. » Il ne change pas non plus quand Kremer assiste à des peines physiques ou à des exécutions. Ainsi le 9 septembre : « Plus tard, dans la matinée, j'ai assisté en qualité de médecin à l'administration de coups de bâton à 8 détenus et à une exécution par arme de petit calibre. » Même calme les 13 et 17 octobre alors pourtant que les exécutions sont beaucoup plus nombreuses : 7 civils polonais dans le premier cas, 11 victimes dans le second : « J'ai assisté à l'administration d'une peine et à 11 exécutions : bei einem Straffvollzug und 11 Exekutionen zugegen. »

Le ton ne change que dans une seule série de circonstances, pour prendre alors parfois (pas toujours) une allure émotive tout à fait remarquable. Il s'agit de ce que le texte appelle des actions spéciales, Sonderaktionen. Kremer assiste à onze de ces opérations, qu'il numérote et qui ont lieu, parfois, deux fois par jour. Dans sept cas, le 5 septembre (2e action), le 6 et 10 septembre, le 23 septembre (deux actions), le 30 septembre, le 7 octobre, le ton reste banal. Dans les quatre autres cas, qui comprennent la première et la dernière « actions » de la série, ce qui montre que Kremer ne parvient pas tout à fait à s'habituer, Kremer donne des signes d'émotion violente et même d'une certaine épouvante. Le 2 septembre : « J'ai assisté pour la première fois à une action spéciale, à l'extérieur, à 3 heures du matin. En comparaison, l'Enfer de Dante m'apparaît presque comme une comédie. Ce n'est pas pour rien qu'Auschwitz est appelé le camp de l'anéantissement » (Umsonst wird Auschwitz nicht das Lager der Vernichtung genannt) [95]. 5 septembre (1ère action) : « Aujourd'hui, à midi, j'étais présent à une action spéciale à partir du FKL [96] (musulmans) : le comble de l'horreur. Le Hauptscharführer Thilo avait raison de me dire aujourd'hui que nous nous trouvions ici à l'anus mundi. » Le 12 octobre, après avoir noté que, du fait d'une vaccination contre le typhus, il a la fièvre, Kremer ajoute : « Malgré cela, j'ai assisté dans la nuit, encore à une action spéciale sur des gens en provenance de Hollande (1600 personnes). Scènes épouvantables devant le dernier bunker ! C'était la dixième action spéciale. » 18 octobre : « Ce dimanche matin, par temps pluvieux froid, j'ai assisté à la onzième action spéciale (Hollandais). Scènes horribles avec trois femmes qui suppliaient de leur laisser la vie sauve. »

Cette coïncidence entre le langage codé (action spéciale) et le langage émotionnel est tout de même remarquable. Une deuxième remarque doit être faite : Kremer, dans cinq cas sur onze, donne quelques précisions sur les personnes concernées par les « actions spéciales ». Il s'agit dans trois cas, les nos 2, 10 et 11 de Hollandais, dans les deux autres (1 et 9) respectivement de « musulmans », de « musulmanes » et de personnes venant de l'extérieur (Auswärtige). On ne sortira pas beaucoup du ras du texte en rappelant que, dans l'argot des camps, les « musulmans » étaient des détenus parvenus au dernier degré de la cachexie. Mais peut-être est-ce là contredire trop gravement le « témoin » Th. Christophersen ?

L'interprétation usuelle de ces textes consiste à dire qu'une « action spéciale » correspond précisément à la sélection, sélection pour les arrivants de l'extérieur, sélection aussi pour les détenus épuisés. Les uns comme les autres, quand ils avaient été orientés dans la « mauvaise » direction, prenaient le chemin de la chambre à gaz.

Faurisson a contesté cette interprétation [97], et voici celle qu'il propose et que je citerai intégralement : « Il faut citer correctement le Journal du médecin Johann Paul Kremer. On verra ainsi que, s'il parle des horreurs d'Auschwitz, c'est par allusion aux horreurs de l'épidémie de typhus de septembre-octobre 1942. Le 3 octobre, il écrira : "A Auschwitz, des rues entières sont anéanties par le typhus". Lui-même, il contractera ce qu'il appelle "la maladie d'Auschwitz". Des Allemands en mourront. Le tri des malades et des bien portants, c'était la "sélection" ou l'une des formes de "l'action spéciale" du médecin. Ce tri se faisait soit à l'intérieur des bâtiments, soit à l'extérieur. Jamais il n'a écrit qu'Auschwitz était un Vernichtungslager, c'est-à-dire, selon une terminologie inventée par les Alliés après la guerre, un "camp d'extermination" (entendez par là : un camp doté d'une chambre à gaz). En réalité il a écrit : "Ce n'est pas pour rien qu'Auschwitz est appelé le camp de l'anéantissement (das Lager der Vernichtung) [98]". Au sens étymologique du mot, le typhus anéantit ceux qu'il frappe. Autre grave erreur de citation : à la date du 2 septembre 1942, le manuscrit de Kremer porte : "Ce matin, à 3 heures, j'ai assisté, dehors, pour la première fois, à une action spéciale." Historiens et magistrats suppriment traditionnellement le mot "dehors" (draussen) pour faire dire à Kremer que cette action se déroulait dans une "chambre à gaz [99]". Enfin les scènes atroces devant le "dernier bunker" (il s'agit de la cour du bunker no 1l ) sont des exécutions de condamnés à mort, exécutions auxquelles le médecin était obligé d'assister. Parmi les condamnés se trouvent trois femmes arrivées dans un convoi de Hollande [100]. » Georges Wellers fit remarquer que Faurisson utilisait les aveux de Kremer en 1947 pour interpréter comme ne se référant qu'à trois exécutions les notations de son journal en date du 18 octobre 1942 mais qu'il faisait semblant d'ignorer que, le même jour de 1947, Kremer parlait des chambres à gaz d'Auschwitz (Le Monde, 21 février 1979 ; Vérité..., p. 332-334). A quoi Faurisson réplique que des aveux de Kremer il retient ce qui est croyable, non ce qui est incroyable. Kremer ayant dit un jour que la réouverture des chambres à gaz se faisait « un moment » après la mort des victimes, il y a là, dit-il gravement, « une impossibilité matérielle flagrante » (Vérité..., p, l 12).

Laissons de côté ce qui, dans cette interprétation, relève de la cuistrerie ou de la subjectivité (qu'est-ce qu'un moment ?) Elle se heurte à une série d'objections absolument déterminantes :

  1. Il n'y a pas un seul passage du Joumal où Kremer parle du typhus en liaison avec les « actions spéciales ».
  2. On ne comprendrait pas pourquoi le typhus coïnciderait obligatoirement avec des arrivées de l'extérieur (y avait-il à cette date une épidémie de typhus en Hollande ?).
  3. On ne comprend pas pourquoi une exécution, scène banale pour Kremer, de même d'ailleurs que tout ce qui concerne le typhus, prend tout à coup, à propos d'une action spéciale, un caractère tragique.
  4. Qu'Auschwitz soit le Lager der Vernichtung n'a pas de rapport avec les épidémies de typhus. En effet, Faurisson, si soucieux d'exactitude en matière de traduction, ne s'est pas aperçu que Kremer n'emploie pas, pour le typhus, le verbe vernichten, il écrit le 3 octobre : « A Auschwitz, des rues entières sont abattues par le typhus » (In Auschwitz liegen ganze Strassenzüge an Typhus darnieder). La différence de verbe (darniederliegen au lieu de vernichten) est significative, et Faurisson s'est laissé duper par la traduction de l'éditeur polonais. Enfin, détail que je mentionne pour montrer comment Faurisson lit les textes, il est faux que Kremer ait eu le typhus et que ce qu'il appelle la maladie d'Auschwitz soit le typhus. Les indications données dans le Journal le 3 septembre, le 4 septembre et le 14 septembre montrent avec une parfaite clarté que la maladie d'Auschwitz est une diarrhée avec une fièvre modérée (37,8 le 14 septembre). Kremer a été, en fait, vacciné contre le typhus proprement dit (exanthématique) et contre la fièvre typhoïque. L'interprétation de Faurisson n'est donc pas recevable, et avec elle est détruite cette explication par le typhus de la mortalité d'Auschwitz chère à ceux des révisionnistes qui, comme Butz, voulaient tout de même bien admettre que l'on mourait beaucoup à Auschwitz. Il faut revenir à ce que nous apprennent les archives du camp et les aveux de Kremer, que les « actions spéciales » correspondaient à l'arrivée des convois de déportés (en règle générale dûment enregistrés dans les archives du camp), que les déportés non immatriculés dans le camp étaient gazés dans les bunkers de Birkenau (petites maisons situées dans la forêt) [101], que des malades du camp (notamment typhiques) et des « musulmans » et « musulmanes » étaient eux aussi gazés, et qu'il se produisait parfois, au dernier moment, des scènes pénibles, comme cela arriva le 18 octobre 1942, avec ces trois Hollandaises « jeunes et en bonne santé » qui « ne voulaient pas entrer dans la chambre à gaz et pleuraient pour conserver la vie » et qui furent fusillées[102], scènes qui troublaient l'ordre SS.

Quand Kremer parle du camp de l'anéantissement, il ne fait pas, c'est vrai, référence à un concept juridico-administratif, qui ne figurait pas, c'est encore vrai, sur les tablettes officielles du IIIe Reich, il parlait tout simplement de ce qu'il voyait. Sur le plan qui lui est cher, celui de l'exactitude philologique, de la traduction correcte, l'interprétation de Faurisson est un contresens ; sur le plan de la morale intellectuelle et de la probité scientifique, c'est un faux[103].

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