C'est dans une tragédie à répétition que se lit l'histoire de la Russie: aux systèmes dictatoriaux succède la montée des périls xénophobes.
Les "Protocoles" La tradition antisémite à l'Est ne date pas d'hier ou de l'effondrement du socialisme en URSS. Dans la Russie tsariste, les pogroms sont nombreux au début du XXe siècle. "Les Protocoles" sont un faux rédigé par la police secrète du tsar, l'Okrana, qui présente un projet de conspiration juive pour conquérir le monde. Les débuts de la révolution russe et l'organisation d'un movement ouvrier juif autonome, le Bund, ne font qu'exacerber la fureur antijuive des armées blanches. Les "Protocoles" demeurent aujourd'hui encore une source d'inspiration non seulement pour les nostalgiques du tsar et de Staline mais aussi pour nombre de pouvoirs arabes. |
Tradition anti-juive
Les minorités nationales, culturelles ou religieuses
ont toujours eu à subir le joug du pouvoir russe.
Les Juifs, victimes du temps des tsars de la terreur des cosaques ou la police
tsariste, ont de nouveau été la cible de la terreur stalinienne au nom de la
dénonciation du "cosmopolitisme sans patrie" ou de
"l'impérialisme sioniste". En 1952, à Prague, le procès
Slansky, puis en 1953, en URSS, le procès des "blouses blanches",
dénonçant tous deux de prétendues conjurations juives, marquent
l'apogée de l'antisémitisme stalinien. Staline meurt en 1953 avant
d'avoir pu mettre en route un vaste projet de déportation des Juifs
russes vers l'est.
En 1956, au
XXe
congrès du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS),
la publication du Rapport Krouchtchev sur les crimes de Staline modifie les
énoncés de l'antisémitisme soviétique: il s'inscrit
désormais dans la rhétorique antisioniste et
anti-israélienne.
La libéralisation insufflée par Krouchtchev dans les années 60 favorise
simultanément la publication d'ouvrages antisémites dignes du
nazisme, couverts par l'Académie des sciences, tel Le judaïsme sans
fard (1963) de Trofim Kitchko. Brejnev et ses successeurs ne
démentent pas, au contraire, cette tradition antijuive.
Celle-ci est même renforcée par le soutien soviétique au camp arabe dans sa
confrontation avec Israël. En Mai 1971, la Komsomolskaïa
Pravda, la presse des Jeunesses communistes, ose publier: "Les sionistes
devraient élever un monument à Hitler car c'est
précisément le dément Führer qui a posé le
dogme de base du sionisme: l'existence d'un peuple juif mondial, d'une race
juive". En novembre 1975, un sommet est atteint avec le vote à
l'assemblée générale des Nations unies, à
l'instigation de l'URSS et des États arabes, d'une motion assimilant le
"sionisme au racisme et à la discrimination raciale".
Perestroïka
Il faudra attendre la politique de perestroïka de
Mikhaïl Gorbatchev, la chute du mur de Berlin en
1989, la disparition de l'URSS en tant qu'entité politique
et la venue au pouvoir de Boris Eltsine en 1991 pour
qu'explosent à la fois les dogmes officiels mais aussi la
xénophobie traditionelle d'inspiration nationaliste.
Dans les pays de l'ex-bloc communiste, et notamment dans l'ex-URSS, le réveil des questions nationales et identitaires engendre un retour des nationalismes xénophobes. |
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