© Michel Fingerhut 1996/7

Martine Aubry et Olivier Duhamel:
Petit dictionnaire pour lutter contre l'extrême-droite (F)
Éditions du Seuil (©) Octobre 1995. ISBN 2-02-029984-4
Reproduction interdite sauf pour usage personnel - No reproduction except for personal use only


Introduction - A - B - C - D - E - F - G - H - I - J - L - M - N - O - P - R - S - T - U - V - X - Annexe 1 - Annexe 2

Fascisme

« Le fascisme n'est pas si improbable, il est même, je crois, plus près de nous que le totalitarisme communiste » (Georges Pompidou, Le Noeud gordien, Plon, 1974, p. 205). La crainte avait étonné. Le deuxième président de la Ve République ne songeait peut-être pas exactement à l'expansion d'une nouvelle extrême droite, postfasciste, postmoderne, mais toujours raciste. Il pressentit néanmoins que le danger n'était pas là où ses amis avaient coutume de l'attendre.

Femme

L'extrême droite renoue avec la conception traditionaliste de la femme au foyer, se consacrant à l'éducation des enfants. Le programme du Front national propose de « créer le revenu maternel ou parental », pour inciter les femmes à se consacrer pleinement à leur famille (300 Mesures..., op. cit., p. 61).

Allant plus loin dans le familialisme pétainiste, il veut instaurer le vote plural pour les parents. « Les familles de trois enfants, qui représentent 12% de la population du pays [...] ne constituent que 5% des votants. L'équité voudrait donc que les parents, tuteurs naturels et légaux de leurs enfants, puissent exercer en leur lieu et place, durant le temps de la minorité de ceux-ci, non seulement leurs droits civils, mais aussi leurs droits civiques. » Assez habilement, le FN baptise cette proposition « suffrage universel intégral » (ibid.). La doctrine démocratique qui suppose l'égalité du suffrage entre les individus est ainsi remise en cause au nom d'une vision réactionnaire de la famille.

S'agissant de l'avortement, le programme reste prudent. « Alors que la contraception est un choix de la vie privée, dans lequel l'État n'a pas à entrer, il n'en va pas de même pour l'avortement qui met en cause un tiers, l'enfant à naître. C'est pourquoi la banalisation de l'avortement ne peut être tolérée par principe, celui-ci ne pouvant constituer qu'un acte médical d'exception » (ibid., p. 63). Le texte ajoute : « La loi Chirac-Giscard-Veil de 1975 sur l'avortement sera remise en cause », sans plus de précisions. La proposition suivante suggère d'instaurer « l'adoption prénatale », non sans motivation néo-raciste, le FN s'indignant de ce qu'il soit « plus facile d'adopter des enfants étrangers extra-européens que des petits Français ».

Voir Avortement.

Figaro-magazine

M. Patrice de Plunkett, éditorialiste au Figaro-Magazine, est aussi un extralucide. Regardant les militants du DAL (Droit au logement) que la télévision montrait lors de l'occupation de l'immeuble de la rue du Dragon, M. Patrice de Plunkett découvrit que nombre d'entre eux étaient « étrangers » (Figaro-Magazine, 8 avril 1995, p. 15, rubrique « À propos », article « Les mal-logés et les sans-logis »). M. Patrice de Plunkett sait ainsi reconnaître un étranger à son visage. Veut-il ôter la nationalité française à tous ceux dont la peau est noire ? Ou est-il inconscient des conséquences possibles de ses propos ?

M. de Plunkett se sent sûrement bien dans son journal. Les éditoriaux d'Alain Griotteray illustrent, presque hebdomadairement, le débordement du lepénisme bien au-delà de Le Pen.

Football

Voir PSG.

Foulards islamiques

À la recherche de leur identité dans une société qui ne les a pas suffisamment intégrées, un certain nombre de jeunes filles, issues de la deuxième ou de la troisième génération de l'immigration maghrébine, ont décidé de porter le foulard, soit par croyance religieuse ou respect de la tradition familiale, soit simplement par revendication de leur origine.

Mû par une conception stricte de la laïcité à l'école, pour la première fois en octobre 1989, le proviseur d'un collège de Creil prononçait leur exclusion. Immédiatement saisi, le Conseil d'État rappelait : « Le principe de la laïcité de l'enseignement public, qui résulte notamment des dispositions de l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789, de l'article 2 de la Constitution et de l'article 10 de la loi du 10 juillet 1989, et qui est l'un des éléments de la laïcité de l'État et de la neutralité de l'ensemble des services publics, impose que l'enseignement soit dispensé dans le respect, d'une part, de cette neutralité par les programmes et par les enseignants et, d'autre part, de la liberté de conscience des élèves.

» Il interdit, conformément aux principes rappelés par les mêmes textes et les engagements internationaux de la France, toute discrimination dans l'accès à l'enseignement qui serait fondée sur les convictions ou croyances religieuses des élèves. »

En outre, la convention des Nations unies sur les droits de l'enfant, adoptée le 20 novembre 1989 par l'Assemblée générale, et ratifiée par 89 États, dont la France, énonce que les États parties conviennent que l'éducation de l'enfant doit viser, outre à « favoriser l'épanouissement de sa personnalité [...], à lui inculquer le respect des droits de l'homme [...], de ses parents, de son identité, de sa langue et de ses valeurs culturelles, ainsi que le respect des valeurs nationales du pays dans lequel il vit, du pays duquel il peut être originaire et des civilisations différentes de la sienne ».

Le Conseil d'État, depuis l'avis qu'il a donné le 27 novembre 1989 à Lionel Jospin, ministre de l'Éducation nationale, a sans cesse rappelé : « La liberté ainsi reconnue aux élèves comporte pour eux le droit d'exprimer et de manifester leurs croyances religieuses, à l'intérieur des établissements scolaires, dans le respect du pluralisme et de la liberté d'autrui, et sans qu'il soit porté atteinte aux activités d'enseignement, au contenu des programmes et à l'obligation d'assiduité. »

Il a précisé que, dans les établissements scolaires, le port par les élèves de signes par lesquels ils entendent manifester leur appartenance à une religion n'est pas, par lui-même, incompatible avec le principe de la laïcité, dans la mesure où ils constituent l'exercice de la liberté d'expression et de manifestation de croyances religieuses.

« Mais cette liberté ne saurait permettre aux élèves d'arborer des signes d'appartenance religieuse qui, par leur nature, par les conditions dans lesquelles ils seraient portés, individuellement ou collectivement, ou par leur caractère ostentatoire ou revendicatif, constitueraient un acte de pression, de provocation, de prosélytisme ou de propagande, porteraient atteinte à la dignité ou à la liberté de l'élève ou d'autres membres de la communauté éducative, compromettraient leur santé ou leur sécurité, perturberaient le déroulement des activités d'enseignement et le rôle éducatif des enseignants, enfin troubleraient l'ordre dans l'établissement et le fonctionnement normal du service public. »

Les règles étaient ainsi clairement posées, ouvrant aux enseignants la voie du dialogue et de la concertation, et une nouvelle guerre de religion scolaire était évitée.

Pourtant, et alors que le calme était revenu dans les esprits, sans consulter le Conseil d'État, le nouveau ministre de l'Éducation nationale François Bayrou devait raviver les passions en publiant une circulaire sur le port du foulard en classe, bientôt intégrée aux règlements intérieurs modifiés de lycées et collèges, et suscitant de nouvelles vagues d'exclusion sous le seul motif du port du foulard par des élèves à qui n'étaient, par ailleurs, reprochés ni absentéisme aux cours ni prosélytisme.

La quasi-unanimité des tribunaux administratifs saisis, confirmée d'ailleurs par le Conseil d'État, annulait les expulsions fondées sur l'interdiction du port du foulard, en raison de leur généralité et de l'absence de grief particulier à l'endroit des élèves concernées. Une seule exception : le tribunal administratif de Clermont-Ferrand, selon lequel « ce vêtement, s'il n'a pas exclusivement le caractère d'un signe religieux, présente, en tout cas aujourd'hui en France, celui d'un signe d'identification marquant l'appartenance à une obédience religieuse extrémiste d'origine étrangère. Cette obédience, qui a des visées internationales, se réclame d'une orientation particulièrement intolérante, refuse aux personnes du sexe féminin le bénéfice de l'égalité que leur reconnaissent les institutions démocratiques de la France, cherche à faire obstacle à l'intégration des Français et étrangers de confession musulmane, à la culture française en s'opposant au respect de la laïcité, et prône la prééminence des règles religieuses dont elle se fait la zélatrice sur le droit français au profit du triomphe espéré d'institutions nouvelles subordonnant à la religion la conduite des affaires de l'État et la vie des citoyens ».

Ce jugement est une exception dans la jurisprudence récente. D'ailleurs, le tribunal administratif de Lille a, dans un jugement du 20 juillet 1995, confirmé que le port collectif du foulard dans un lycée ne saurait à lui seul être considéré comme du prosélytisme et entraîner une exclusion.

Les Français, eux, sont très opposés au port du foulard - surtout lorsqu'on le dénomme « voile ». « Le fait que des jeunes filles portent le voile dans les écoles publiques françaises vous paraît-il normal, car tout le monde doit pouvoir suivre les préceptes de sa religion, même à l'école, ou pas normal, car c'est une atteinte à la laïcité et à la neutralité de l'école ? » En octobre 1989, 53% des personnes interrogées par l'institut CSA trouvaient le port du foulard « pas normal », 34% « normal ». Cinq ans plus tard, 85% répondent « pas normal », 8% « normal ». L'hostilité est devenue massive.

Nous considérons nous aussi que le port du foulard n'est pas souhaitable pour ces jeunes filles à la fin du XXe siècle, qu'il amène peu ou prou un enfermement sur elles-mêmes et une limitation de leur liberté. Mais nous pensons qu'il faut essayer de les comprendre, de discuter et d'engager le dialogue et non de les montrer du doigt et de les exclure. Une telle attitude brutale d'incompréhension marginalise un peu plus encore des jeunes filles à la socialisation difficile ou en recherche d'identité et, derrière elles, toute une communauté.

C'est ce que certaines d'entre elles, anciennes élèves du lycée Faidherbe de Lille, ont voulu exprimer dans un recueil de poèmes qui proclame notamment :

Au prof que vous êtes,
À vous qui m'interrogiez,
À vous qui me notiez,
À vous qui me rectifiiez...
À vous qui m'appreniez ce que j'ignorais
À vous qui me corrigiez et m'expliquiez
quand je me trompais,
À vous enfin, qui me connaissez et qui dites
que je suis manipulée,
alors que vous me connaissez suffisamment
pour savoir que ce n'est pas vrai
Alors, pourquoi insistez-vous ?
Vous qui m'appreniez, il y a encore quelques
jours, qu'il ne fallait pas se fier aux préjugés,
qu'il faut penser avec notre tête en se mettant
à la place de la personne sur laquelle on débat
vous nous prépariez de manière à ne pas être
conditionnées.
Et vous l'êtes !
Que vous est-il arrivé ?

Et aussi :

À l'élève que tu es,
À toi, qui es de la même génération que moi,
À toi, qui as parlé avec moi
À toi, qui as étudié près de moi
À toi, qui as ri toute la journée avec moi,
À toi, qui t'es révoltée avec moi,
À toi, qui me passes les cours,
À toi, qui me préviens dès qu'il y a un problème,
Enfin à toi qui as débattu sur les différents thèmes
Qu'as-tu fait ces derniers jours ?
De quoi as-tu parlé ?
Tu regrettes tes vacances ?
Eh bien, moi non ! car l'école me manque,
Les profs me manquent, tu me manques,
Le reste de la classe me manque,
Les interros surprises, les interros « surprises » prévenues,
Les devoirs, les copies, l'odeur de la classe,
Les chaises pleines de gribouillis, le tableau plein de craie,
Ma table chargée de livres, de cahiers, de stylos,
Les rires, le bruit de la classe
Tout ça me manque !!!
Et toi, il n'y a que les vacances qui te manquent ?

Au Moyen Age, on disait que l'air de la ville rend libre. Aujourd'hui, c'est, ce doit être l'air de l'école. S'il n'y avait qu'une raison de ne pas exclure, ce serait l'espoir que celle qui serait entrée avec le foulard à l'école l'aurait retiré d'elle-même au moment d'en sortir.

Franc-maçonnerie

La philosophie maçonnique s'est forgée au temps de la monarchie absolue et veut défendre les libertés individuelles contre toutes les formes d'opposition, politiques ou religieuses. L'hostilité de l'extrême droite à la franc-maçonnerie n'est donc pas surprenante.

Maurras dénonçait « les juifs, les protestants, les métèques et les maçons ». Le Pen renoue avec la passion antimaçonnique de l'extrême droite française. Ainsi, aux lendemains de l'élection présidentielle, expliquait-il le refus du RPR et de l'UDF de s'allier avec le Front national par l'influence des francs-maçons : « La droite bourgeoise, "emmaçonnée" jusqu'au col, mène le commando d'action contre le Front national [...]. Comment expliquer autrement l'ostracisme dont nous sommes victimes ? Il s'agit là d'un rituel » (discours au stade Pierre-de-Coubertin, 8 juin 1995, in Le Monde, 10 juin 1995).

L'obsession se manifeste à d'autres occasions, par exemple dans l'appréciation de la Bibliothèque nationale de France : « C'est une des oeuvres géométriques du président. On dit pourtant qu'il n'est pas maçon. Mais on pourrait y voir une volonté ésotérique : la pyramide, l'arche, la Géode, le cylindre [...]. Je n'approuve pas ce délire architectural » (Le Pen, interview à La Croix, 20 avril 1995).

Voir Valeurs.

Fréquence Paris-Plurielle

Radio libre, au sens propre du mot. Sur 106.3 FM. À noter, un mercredi sur deux, les semaines impaires, une émission Radio Ras-l'Front, de 19 à 20 h 30.

Front national

Historique

Les origines du Front national aident à comprendre sa nature profonde. En 1969, le mouvement Ordre nouveau succède au groupuscule d'extrême droite Occident, dissous le 31 octobre 1968. Il s'agite principalement dans les universités, particulièrement à Assas, et rassemble environ 2000 militants.

Au début des années soixante-dix, l'atmosphère paraît porteuse pour les néo-fascistes de tout acabit, du moins autour de nous. Le Mouvement social italien obtient 56 députés, le NPD néo-nazi et le National Front progressent aux municipales en Allemagne et en Grande-Bretagne. Le journal Minute et son rédacteur en chef, François Brigneau, veulent l'unification des groupuscules « nationaux ». Ils parviennent à imposer cette stratégie au congrès d'Ordre nouveau, en juin 1972, et cherchent alors un chef un peu entraînant. Ce sera Le Pen. Le 5 octobre 1972, naît le Front national, salle des Horticulteurs à Paris, avec l'ex-député poujadiste à sa présidence, François Brigneau de Minute comme vice-président, Alain Robert, d'Ordre Nouveau, comme secrétaire général. Aux législatives qui suivent, en mars 1973, le FN ne recueille que 2,3% des voix là où il présentait des candidats, 1,3% de l'ensemble. En juin 1973, à la suite d'un meeting à la Mutualité contre « l'immigration sauvage » et des affrontements avec l'extrême gauche qui s'y déroulent, Raymond Marcellin, ministre de l'Intérieur, obtient en Conseil des ministres la dissolution simultanée de la Ligue communiste et d'Ordre nouveau. Le terrain est libre pour le Front national.

Pendant la dizaine d'années qui suit, il demeurera un mini-parti, réceptacle des groupuscules d'extrême droite (la double appartenance est autorisée). Le Pen impose ainsi aux traditionalistes d'accueillir les « nationalistes révolutionnaires », c'est-à-dire les néo-fascistes, l'aile dure de l'extrême droite, et notamment François Duprat et ses amis, qui défendent déjà le négationnisme et seront à l'origine de la thématique anti-immigrés. Le président du FN fait la synthèse des différents courants en soutenant le franquisme en Espagne, Pinochet au Chili, le régime des colonels en Grèce. Lui et son mouvement restent très marginaux : fiasco présidentiel en 1974 (Le Pen n'obtient que 0,74% des suffrages exprimés, 190 921 voix) ; échec à nouveau aux municipales de 1977 (sur Paris, les dix-huit listes du FN se contentent de 1,8% des suffrages exprimés) ; déroute aux législatives de 1978 (0,33%) - Jean-Pierre Stirbois, fraîchement recruté avec ses petites troupes du Mouvement solidariste français, se contente de 2% à Dreux, où il se présente, déjà ; incapacité de Le Pen à se présenter à l'élection présidentielle de 1981 (il ne réunit que 434 des 500 signatures d'élus requises) ; score infime du FN aux législatives qui suivent (0,18%).

Avec l'aggravation persistante du chômage, l'arrivée de la gauche au pouvoir, la montée des sentiments anti-immigrés, les complaisances de la droite, acceptant ici ou là des accords, les occasions offertes par des scrutins proportionnels (européennes) ou semi-proportionnels (municipales) et l'implantation sur le terrain de quelques frontistes, tout va changer. Premier choc à Dreux, où Jean-Pierre Stirbois obtient 12,62% des suffrages aux cantonales du 14 mars 1982. Premier succès personnel de Le Pen aux municipales de 1983, avec 11,26% des suffrages sur son nom dans le XXe arrondissement de Paris. Première élection d'un responsable d'extrême droite à Dreux, en septembre 1983, après fusion entre la liste conduite par le gaulliste Jean Hieaux et celle de Stirbois (17% au premier tour). Désormais, l'extrême droite compte.

Organisations

La traversée du désert s'achève, l'organisation de masse prend forme. Aujourd'hui, le Front national compte plus de 60 000 membres. La structuration du parti garantit l'obéissance au chef. Le président est maître de la convocation d'un bureau politique ou d'un congrès. Il est secondé par deux responsables : le secrétaire général (Carl Lang, jusqu'à l'été 1995) et le délégué général, Bruno Mégret. Le doublement systématique permet un marquage réciproque : on le retrouve dans les structures départementales, chaque secrétaire général étant flanqué d'un secrétaire général adjoint. Mais le FN ne se limite pas au parti, à ses militants et ses élus.

Le politologue Guy Birenbaum a bien analysé son expansion : « Le système Le Pen ne se contente donc pas de construire un parti. Il se traduit également par la mise en place d'organisations satellites au sein ou aux proches frontières du FN : des organisations qui tendent à constituer une véritable sous-société national-frontiste » (Le Front national en politique, Balland, coll. « Fondements », 1992, p. 219), un peu sur le modèle du Parti communiste dans sa période de puissance. Parmi ces excroissances aidant à la pénétration lepéniste dans la société, on trouve le Front national Jeunes créé en 1974. « Entreprise moderne et libertés », née en 1984, regroupe une dizaine d'organisations spécialisées pour mieux s'implanter dans différents secteurs, particulièrement les transports : aériens, avec le cercle Réagir créé par deux pilotes d'Air Inter après un détournement d'avion ; ferroviaires, avec le Cercle national des chemins de fer, et parisiens, le FN progressant même chez les machinistes RATP de la banlieue nord [Voir Peur]. Le Cercle national des agriculteurs de France publie La Lettre aux paysans et contribue aux progrès du FN en milieu rural. Martine Lehideux anime le Cercle national des femmes d'Europe et fait le lien avec les mouvements anti-avortement [Voir Avortement]. Fraternité française intervient sur le terrain humanitaire en défendant la « préférence nationale », de même que le Front antichômage, créé en 1987. Le Cercle national des Français résidant à l'étranger a été développé par Jacques Dore, ancien de la France libre, et regroupe de nombreux sympathisants. Le FN cherche même à rallier quelques juifs à travers le Cercle des juifs de France, dirigé par Robert Hemmerdinger. Dans la même veine, l'Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l'identité française (AGRIF), qui s'est distinguée en s'attaquant aux films de Jean-Luc Godard (Ave Maria) et Martin Scorsese (La Dernière Tentation du Christ). Le Front national se lie de plus en plus aux catholiques traditionalistes, dont s'occupe Romain Marie (Bernard Antony) avec ses comités Chrétienté-Solidarité.

Dans un autre secteur, le Cercle national des combattants, animé par Roger Holeindre depuis la fin 1985, réunit militaires et anciens combattants, et forme des cadets au château de l'ex-empereur Bokassa. Le Cercle national des rapatriés a été fondé par Pierre Sergent. Le Cercle national des gens d'armes, dirigé par un colonel de gendarmerie, publie la revue trimestrielle Le Glaive. La Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP) est une organisation amie, de même que l'Association nationale pour le rétablissement et l'application de la peine de mort. « L'armée et la police, comme les organisations qui évoluent autour, sont donc des terrains privilégiés pour la pénétration de certains thèmes du national-frontisme » (Guy Birenbaum, op. cit., p. 234).

« Je suis partout », pourrait ainsi conclure Le Pen.

Voir Vote FN.

Front National Jeunes

Le FNJ réunit les lepénistes âgés de 16 à 25 ans (28 ans pour les dirigeants). Le mouvement de jeunes du FN ne dispose d'aucune autonomie par rapport à l'organisation mère. Il revendique 15 000 adhérents. Dirigé par Samuel Maréchal, gendre de Le Pen, dont il a épousé la seconde fille, Yann, le FNJ voue un culte total au chef de l'extrême droite française. Il sert de vivier pour la formation des futurs dirigeants, tel Carl Lang, secrétaire général du FN de 1988 à 1995 et ancien dirigeant du FNJ. Maréchal appartient à la tendance « néo-fasciste » des Gollnisch et autres Lang, par opposition à la tendance « néo-parlementaire » et païenne de Bruno Mégret. Les spécialistes de l'extrême droite ont montré que le FNJ fait le lien avec les organisations néo-nazies, comme l'Oeuvre française et ses skinheads, les Jeunes nationalistes révolutionnaires (JNR), naguère dirigés par Jean-Gilles Malliarakis, qui a rejoint le mouvement lepéniste, et aujourd'hui conduits par Serge Ayoub, alias « Batskin » (parce qu'il s'arme d'une batte de base-ball), ou l'Union des étudiants d'Assas (UDEA, ex-Groupe union droit, GUD). Mais pour développer l'implantation du mouvement chez les jeunes, le FNJ anime de faux syndicats [Voir Renouveau Lycéen]. Aux étudiants démocrates de les démasquer, et de les contrer.

Front républicain

Le meilleur et le pire.

Le meilleur : lorsque l'extrême droite risque de conquérir une municipalité, un siège parlementaire (demain le pouvoir central ?), l'alliance des démocrates et des républicains s'impose, afin de l'empêcher par le moyen le plus approprié. Aux municipales de 1995, la gauche l'a compris à Dreux, mais l'a oublié à Toulon ; la droite l'a oublié partout, sauf à Mulhouse.

Le pire : confondre droite et gauche fait le jeu de l'extrême droite, qui se pose alors facilement en seule opposition et unique recours face à l'« établissement ». La revitalisation du clivage droite/gauche constitue au contraire un des premiers impératifs politiques pour marginaliser le Front national.

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