© Michel Fingerhut 1996/7

Martine Aubry et Olivier Duhamel:
Petit dictionnaire pour lutter contre l'extrême-droite (C)
Éditions du Seuil (©) Octobre 1995. ISBN 2-02-029984-4
Reproduction interdite sauf pour usage personnel - No reproduction except for personal use only


Introduction - A - B - C - D - E - F - G - H - I - J - L - M - N - O - P - R - S - T - U - V - X - Annexe 1 - Annexe 2

CAFARD

Comité anti-fasciste et anti-raciste de Drancy

Dénomination locale du collectif rattaché à Ras-l'Front (BP 19, 93700 Drancy). À Nancy, il s'appelle CAFAR (BP 66, 54510 Tomblaine).

Voir RAS-L'FRONT.

Café-au-lait

L'expression favorite de l'extrême droite pour stigmatiser le mélange des « races » [Voir Mondialisme]. Nous préférons la chanson d'Anne Sylvestre :

CAFÉ-AU-LAIT

Café-au-lait, café-au-lait
Tous les enfants sont faits de lait
Avec plus ou moins de café
De grenadine ou bien de thé
Ce qui n'empêche pas d'en voir
Café tout noir
Ce qui n'empêche qu'ils aient tous
Belle frimousse

Dans les familles on vit ensemble
Et bien souvent
On peut se dire qu'on ressemble
À ses parents
Ou bien qu'on ne ressemble à personne
Mais qu'on rappelle de très loin
Une arrrière-grand-mère bretonne
Ou bien un grand-père africain

Café-au-lait...

On additionne et on échange
Tous ses trésors
Et toutes sortes de mélanges
Se font alors
On aura les yeux en amande
Les cheveux raides ou frisés
Le nez pointu la bouche grande
Et la peau claire ou bien foncée

Café-au-lait...

D'autres familles s'arrondissent
Et c'est joli
D'enfants que parfois elles choisissent
Très loin d'ici
On voit avec deux qui sont roses
Un chocolat l'autre de miel
Quand tous ensemble ils se reposent
On croirait voir un arc-en-ciel

Café-au-lait...

Mais comme tout n'est pas facile
On est aussi
Gourmand coléreux indocile
Ou trop gentil
Les caractères se mélangent
Avec plus ou moins de soleil
Si au-dehors les couleurs changent
Dedans on est bien tous pareils

Café-au-lait...

Anne Sylvestre, 1983, Fabulettes, vol.3.

Caissières

« Je reprends mes caissières [...]. Ce que cherchait l'employeur c'est que le client puisse se sentir de plain-pied avec elles, pour que la relation se noue facilement. Malheureusement, il y a des gens avec qui on a du mal à se sentir de plain-pied. C'est quoi, c'est les étrangers, et plus la couleur est foncée, plus on a du mal à se sentir de plain-pied [...]. Ces gens-là, hier dans un processus industriel, on pouvait les intégrer, à la chaîne de Renault la couleur de peau n'avait aucune importance ; à la caisse d'un supermarché, elle en a. Donc une partie non négligeable du public des exclus se compose de personnes qui, pas de pot pour eux, ont été fabriquées plus ou moins à la naissance d'une telle façon que ces emplois, qui sont aujourd'hui les emplois non qualifiés, qui sont les emplois nécessaires pour eux, se détournent un peu d'eux et que du coup leur intégration dans la société par le travail se fait mal. C'est l'une des causes importantes de l'exclusion » (extrait de l'intervention de Michel Bon, alors directeur général de l'ANPE, au colloque de la Fondation de France, 12-13 octobre 1994).

L'intéressant, et le grave, de tels propos provient de la qualité de celui qui les prononce et de la logique qui les sous-tend. Michel Bon, l'ancien patron de Carrefour, jadis mendésiste, naguère balladurien, ne saurait être soupçonné de lepénisme. Son discours se veut lucide, direct, contre l'hypocrisie de la pensée « politiquement correcte » et une naïveté antiraciste, du coup impuissante face aux vrais problèmes. Et pourtant, ces mots, et les actes qui, en cohérence, s'en déduisent, ne sont pas acceptables car ils justifient le racisme qu'ils semblent regretter. Poser comme une évidence que l'on ne peut se sentir de plain-pied avec une personne à la peau foncée, c'est admettre le postulat de base du racisme ordinaire. Un démocrate ordinaire se sent bien avec un Noir aimable et mal avec un Blanc agressif, ou bien avec un Blanc serviable et mal avec un basané désagréable. Il est même consternant que l'on en soit réduit à écrire de telles banalités ou, si l'on préfère, que ce b-a-ba de la civilisation ne soit plus une banalité.

Ce que n'importe quel démocrate ordinaire est tenu de rappeler, le patron de l'ANPE avait plus explicitement encore pour mission de le proclamer, et de l'expliquer à ceux qui l'auraient oublié. Au lieu de quoi, il légitime leurs préventions.

Calembour

« Durafour crématoire », le dérapage de Le Pen provoqua les démissions de Pascal Arrighi, François Bachelot, Yann Piat. Le Pen ne progresse pas grâce à ses écarts, mais malgré eux.

Réagissant à l'arrêt de la cour d'appel de Versailles, qui relaxa Le Pen de son jeu de mots pourtant antisémite, Le Parisien en conclut que tous les calembours étaient désormais permis et s'en donna à coeur joie : « Le Pen-zizi, Le Pen-à-jouir, Le Pen-is, Le Pen-à-ordures », etc. Desproges affirma voir « plus d'humanité dans l'oeil d'un chien qui bat la queue que dans la queue de Le Pen lorsqu'il bat de l'oeil... »

Faut-il tenir le discours politique dans les bornes de la bienséance ou priver Le Pen de son monopole de l'humour graveleux ? Difficile question, puisqu'une part du succès du FN vient de l'emploi, dans le discours de son chef, de l'imparfait du subjonctif, qui en impose à la verdeur qui rend complice.

Voir Rafle.

Canada Dry

« Je marchais dans la rue quand, tout d'un coup, sans rien comprendre, trois types m'interpellent : "Bonsoir ! Police nationale, agents Martinez, Perez et Rodriguez !" Et l'un d'eux me dit : "Allez ! Mamadou, sors-nous ta carte de résidence, et pas de faux mouvements ou on t'explose la noix de coco !" Je leur dis : "Eh là ! Eh là ! Attendez, messieurs, vous faites erreur sur la personne, je ne suis pas africain, je suis citoyen français, je paye mes impôts et je vote." Un des flics me dit avec une gueule constipée et sur un ton constipé : "Bamboula de Martinique ou Bamboula d'Afrique, même tarif, même pratique..." et je me suis rendu compte que, finalement, je n'étais qu'un Français Canada Dry : t'as les papiers français, t'as un nom français, mais tu n'es pas un vrai Français » (extrait d'un sketch de Jacky Forestal et Salah Haoues, Le Français Canada Dry, Quartier libre).

Censure

« Bannir le cosmopolitisme de l'Éducation nationale en révisant les manuels scolaires », telle était l'une des 50 mesures concrètes sur l'immigration proposées par Bruno Mégret en novembre 1991 (AFP, 11 novembre 1991). Là encore, l'aveu d'une volonté d'endoctrinement provoqua des réactions. Le FN, en quête de respectabilité, édulcora sérieusement la proposition dans son programme de gouvernement officiel, se contentant d'annoncer que « les programmes et le contenu d'enseignements tels que l'histoire ou la philosophie seront revus pour donner une vision équilibrée et pluraliste de la discipline » (Front national, 300 Mesures pour la renaissance de la France, programme de gouvernement, Éd. nationales, 1993, mesure 14, p. 81).

Par-delà le problème des manuels scolaires, se pose la question du rapport de l'extrême droite française avec la liberté. Ayant décidé d'avancer masquée, elle cherche à se distinguer des fascismes d'avant-guerre, récusant, du coup, jusqu'à l'appellation d'extrême droite. Cette dernière « se caractérise par le refus de la démocratie et des élections, l'appel à la violence, le racisme et la volonté d'installer un parti unique. Or, sur chacun de ces points, le Front national se distingue de l'extrême droite et même s'oppose à elle » (Le Pen, Le Monde, 19-20 novembre 1995). Le Pen contre le racisme, on croit rêver. Convenons cependant que sur les autres points, l'extrême droite national-raciste de la fin du XXe siècle se distingue de ses ancêtres et dit accepter le cadre démocratique, du moins pour ce qui concerne les élections libres.

De là à considérer que le Front national défend la liberté, il y a un pas qu'il serait aventureux de franchir. Les libertés personnelles de la femme sont mises en cause, celles des immigrés réduites au devoir de s'en aller. Quant à la liberté politique de tout un chacun, elle doit être reconsidérée au regard du nationalisme. La dénonciation incessante des tenants de « l'anti-France » laisse augurer de ce qui pourrait se produire si l'extrême droite contrôlait le pouvoir politique national. À partir du moment où les adversaires politiques sont disqualifiés au nom de la nation, stigmatisés comme des ennemis de la France, la logique nationale veut qu'ils soient privés de parole publique. À l'école, à l'université, dans les médias, tous ceux qui ne partagent pas les « idées » de l'extrême droite peuvent donc légitimement craindre de se voir privés de leur emploi. Dans la même veine, combien de temps le Front national au pouvoir tolérerait-il la présence de partis « antinationaux » ? Pourquoi laisserait-il publier des livres « antinationaux » ?

Chirac

Le tribun a pu déraper [Voir Odeur]. Le chef politique peut avoir des ministres qui s'égarent [Voir Pasqua, Raoult, etc.]. L'homme est pourtant antiraciste. Et le président sut parfois trouver les mots justes : « Quand à nos portes, ici même, certains groupuscules, certaines publications, certains enseignements, certains partis politiques se révèlent porteurs, de manière plus ou moins ouverte, d'une idéologie xénophobe, raciste, antisémite, alors cet esprit de vigilance qui vous anime, qui nous anime, doit se manifester avec plus de force que jamais. En la matière, rien n'est insignifiant, rien n'est banal, rien n'est dissociable. Les crimes racistes, la défense des thèses "révisionnistes", les provocations en tous genres, de petites phrases en soi-disant bons mots, puisent en réalité aux mêmes sources » (discours à la cérémonie commémorative du 53e anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv', 16 juillet 1995).

Voir Vichy.

Chômage

« Ils sont la cause du chômage. » « Ils prennent nos emplois. » La réalité est que les étrangers occupent encore souvent des postes pour lesquels les Français ne sont pas suffisamment nombreux ou qu'ils refusent de tenir.

L'accélération de l'entrée des étrangers depuis le début du siècle dans les périodes de croissance en est une première preuve. D'ailleurs, encore aujourd'hui, malgré l'importance du chômage, les enquêtes trimestrielles de l'INSEE sur les difficultés de recrutement dans l'industrie montrent que des goulots d'étranglement nécessitant un appel à de la main-d'oeuvre étrangère apparaissent dès que la conjoncture économique redevient positive. C'est notamment le cas dans les métiers du bâtiment-travaux-publics, de l'électronique, de la plasturgie.

Par ailleurs, la composition de la population salariée révèle des différences importantes entre les postes occupés par les Français et ceux tenus par les étrangers : 55% des étrangers travaillent encore en tant qu'ouvriers peu ou pas qualifiés, contre 27% des Français. Dans le secteur agricole, on retrouve ce contraste : 3% des étrangers sont ouvriers agricoles, contre 1% des Français. Il n'y a donc guère de superposition entre les emplois des nationaux et ceux des étrangers, majoritairement cantonnés dans des travaux non qualifiés. On retrouve cette réalité dans les comparaisons de salaires. Ainsi, au sein de la catégorie ouvrière, l'écart salarial avec les Français est de 6% pour les ressortissants d'Afrique du Nord, de 10% pour ceux des autres pays d'Afrique, et de 9% pour les Asiatiques. La dureté des conditions de leur poste explique le nombre des accidents du travail dont ils sont victimes : les étrangers subissent 13,1% des accidents - 17,6% de ceux-ci ayant entraîné une incapacité permanente en 1991 -, alors qu'ils représentent seulement 6,8% de la population active.

On se rend compte aussi que des demandes précises ou très qualifiées peuvent ne pas être satisfaites par le marché français du travail. L'appel à l'extérieur est alors indispensable.

S'il est vrai que les périodes de chômage important doivent amener - ce qui est le cas aujourd'hui en France - à des restrictions de l'entrée sur le territoire, ces données ne peuvent être méconnues. Il n'y a pas de transférabilité directe et globale entre les emplois exercés par des étrangers et ceux qui pourraient l'être par des Français.

Ajoutons que les travailleurs étrangers ont été plus touchés par le chômage que les Français. Ainsi, en 1992, alors que le taux de chômage des nationaux était de 9,5%, il atteignait 18,6% (presque le double) pour les étrangers, et 29,3% pour les Africains (Maghreb et Afrique noire). Enfin, on passe trop souvent sous silence les nombreux secteurs qui continuent de recourir au travail clandestin, par exemple le textile, l'agriculture, le bâtiment ou les travaux publics. Les employeurs non seulement évitent des charges sociales, mais se dotent ainsi de travailleurs mal payés, corvéables à merci et pouvant être congédiés à tout moment. Le scandale des clandestins est là. Mais comme il vise des patrons, l'extrême droite se garde bien de le dénoncer.

Sans chômage, l'extrême droite pèserait peu. La lutte contre le chômage s'impose donc comme une priorité absolue pour les démocrates. Mais des pays subissent le chômage sans l'extrême droite. Le succès du racisme relève aussi d'autres ressorts, qu'il convient de démonter.

(Sources : Haut Conseil à l'intégration, « Les étrangers et l'emploi », décembre 1992 ; Données sociales, INSEE, 1993 ; Statistiques des accidents du travail, CNAM, 1991.)

Voir Taux d'Activité.

CIMADE

Service oecuménique d'entraide

Le CIMADE (Comité inter-mouvements auprès des évacués) a été créé en octobre 1939, autour du pasteur Marc Boegner, pour venir en aide aux personnes déplacées d'Alsace et de Lorraine après l'occupation allemande et regroupées en Haute-Vienne et Dordogne. Le mouvement reste marqué par son origine protestante. Il fut actif dans les camps d'internement du gouvernement de Vichy. Entrés dans la clandestinité en 1942, les membres de la CIMADE (le féminin s'est imposé) deviennent passeurs de frontières. En 1945, s'ouvre le Foyer international d'accueil de Sèvres. Des bénévoles suisses, suédois, américains viennent aux côtés de la CIMADE au service des sinistrés français et des réfugiés de l'Est, en relation avec le Conseil oecuménique des Églises.

Dès 1956, la CIMADE soutient le peuple algérien dans sa lutte anticoloniale. En 1966, le mouvement accueille les premiers réfugiés latino-américains, ainsi que des déserteurs et insoumis portugais. En 1975, viennent les réfugiés du Sud-Est asiatique. En 1983, il est largement présent dans la « marche des Beurs ». En 1992, comme SOS-Racisme, il se mobilise contre la guerre du Golfe, puis défend des étrangers reconduits et des déboutés du droit d'asile, accompagne des grévistes de la faim de la « double peine », participe à la campagne oecuménique « Accueillir l'étranger » et dénonce des projets de loi anti-immigrés.

La solidarité avec les étrangers en France imprègne et nourrit les valeurs de la CIMADE depuis son origine. Elle a pour but de manifester une solidarité active avec ceux qui souffrent, qui sont opprimés et exploités et d'assurer leur défense, quelle que soit leur nationalité, leur race ou leur position politique ou religieuse. En particulier, elle a pour objet de combattre le racisme.

La CIMADE est une forme du service que les Églises veulent rendre aux hommes au nom de l'Évangile libérateur. Elle travaille en liaison avec le Conseil oecuménique des Églises, la Fédération protestante de France, l'Église orthodoxe en France et collabore avec divers organismes catholiques et laïques, notamment au service des réfugiés, des travailleurs migrants, des détenus et des peuples des pays en voie de développement.

Elle est particulièrement active dans l'assistance aux étrangers détenus ou retenus. Des visiteurs de la CIMADE apportent leurs conseils juridiques et administratifs, ainsi que leur réconfort et leur aide pour l'insertion future. Elle contribue également à la formation des réfugiés (cours de français, connaissances sur l'environnement professionnel qui les attend, aide à la recherche d'un emploi, etc.).

Causes communes, publication bimestrielle.
CIMADE, Service oecuménique d'entraide : 176, rue de Grenelle, 75007 Paris. Tél. 01.44.18.60.50.
Président : Jean-Pierre Weben. Secrétaire générale : Geneviève Jacques.

Cinéma

Espérons que les livres servent contre ceux qui parfois les brûlent. Mais les films jouent aussi un rôle décisif dans l'éducation civique. Certains d'entre eux sont à voir ou à revoir, par exemple :

Sur le racisme

Afrique du Sud
La Puissance de l'ange John G. Avildsen 1991
Rage Stephen Gyllenhaal 1991
Allemagne
Tous les autres s'appellent Ali Werner R. Fassbinder 1974
Angleterre
My Beautiful Laundrette Stephen Frears 1985
États-Unis
Car Wash Michaël Schultz 1976
Dans la chaleur de la nuit Norman Jewison 1967
Dead Bang John Frankenheimer 1989
Devine qui vient dîner Stanley Kramer 1968
Lady Sings the Blues Sidney J. Furie 1972
Ragtime Milos Forman 1980
White Dog [Dressé pour tuer] Samuel Fuller 1982
France
Les Ambassadeurs Naceur Ktari 1976
Bye-Bye Karim Dridi 1995
Dupont Lajoie Yves Boisset 1974
Les Innocents André Téchiné 1987
Soleil O Med Hondo 1970
Train d'enfer Roger Hanin 1984
Yougoslavie (Croatie)
Un violon sur le toit Norman Jewison 1971

Sur le fascisme

Allemagne
Les Damnés Luchino Visconti 1968
Méphisto Istvan Szabo 1981
Violence et Passion Luchino Visconti 1974
Espagne
Les Sept Jours de Janvier Juan Antonio Bardem 1978
France
Section spéciale Costa-Gavras 1975
Grèce
Le Voyage des comédiens Théo Angelopoulos 1974
Z Costa-Gavras 1968
Italie
Le Conformiste Bernardo Bertolucci 1970
L'Écran magique Gianfranco Mingozzi 1982
Le Jardin des Finzi-Contini Vittorio De Sica 1971
La Marche sur Rome Dino Risi 1962
1900 (2e partie) Bernardo Bertolucci 1977
La Nuit de San Lorenzo Vittorio et Paolo Taviani 1981
La Stratégie de l'araignée Bernardo Bertolucci 1969
Une journée particulière Ettore Scola 1977

Clignotants

La mise en place de « clignotants » de l'action antiraciste doit se faire au niveau départemental, cantonal, communal. Les personnes victimes ou témoins de menaces ou d'actions discriminatoires devraient systématiquement les signaler à la police et à la gendarmerie, même lorsque le dépôt d'une plainte ne serait pas justifié ou opportun. L'inscription sur la « main courante » pourrait alors être l'objet d'un traitement rigoureux.

Colère

« Un raciste est un mutilé qui a peur et qui se trompe de colère » (idée juste de l'abbé Pierre, slogan repris par le MRAP en affiche).

Coluche

« Monsieur, que pensez-vous du racisme ?
- Oh bien, moi, vous savez, je m'en fous bien, du moment qu'on vient pas m'emmerder chez moi ! » (extrait du sketch Le CRS arabe).
Une ironie qui nous manque.

Comprendre

Petit Dictionnaire pour lutter contre l'extrême droite : nous aurions pu titrer « contre les idées d'extrême droite ». Parce que ce sont elles qui menacent. Parce que, surtout, les hommes ou partis qui les propagent n'en ont, hélas, pas le monopole. La xénophobie et le rejet gagnent. À droite, souvent ; à gauche, parfois. Chez les électeurs, souvent ; chez les responsables politiques, parfois.

Comprendre les problèmes des gens en difficulté, même si soi-même on ne l'est pas, voilà qui est nécessaire. Comprendre par quels mécanismes psychologiques et sociaux ils peuvent avoir des poussées racistes, voilà qui est utile. Passer de cette intelligence à la connivence, voilà qui est néfaste.

Illustration : oui, on peut comprendre qu'un couple vivant difficilement dans un quartier à problèmes ne supporte plus la délinquance. Oui, on peut comprendre qu'il s'en prenne aux Beurs de façon indifférenciée, lorsque, dans son quartier, des Beurs s'adonnent en nombre à la délinquance. Non, on ne peut approuver, ni, a fortiori, flatter ce glissement d'une exaspération individuelle légitime à la mise en cause inacceptable d'un ensemble de personnes dont les parents seraient nés ici plutôt que là.

Corruption

Voir Établissement.

Cosmopolitisme

Terminologie initiale de l'ultra-nationalisme dans le vocabulaire de l'extrême droite française.

Voir Censure, Mondialisme.

Criminalité

La gauche a trop longtemps négligé les ravages de la délinquance et de la criminalité. Dégâts directs, sur ceux qui les subissent, dégâts plus étendus, sur la société tout entière lorsqu'elle ne se sent plus protégée. « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression » : c'est l'article 2 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui le proclame. La sûreté, c'est-à-dire la sécurité que doit apporter le règne du droit, est trop souvent bafouée. Elle l'est lorsque les libertés sont bousculées ou les procédures malmenées, et la gauche, en général, sait le dénoncer. Mais elle l'est aussi lorsque la répression légale ne s'exerce plus, lorsque les plaintes pour cambriolage sont jetées au panier ou tout comme, lorsque la justice ne se prononce pas dans des délais raisonnables, lorsque la victime se sent donc abandonnée à la violence du délinquant. À le taire, nous contribuons aux progrès de l'extrême droite.

Voir Délinquance, Peur.

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